Pas question de céder sur le texte de la loi El Khomri. Le président l’a encore répété depuis le Japon et son Premier Ministre a fait de même. Par contre, "Il faut qu’ils obtiennent des choses dans d’autres secteurs", confie un intime de François Hollande à propos des dirigeants de la CGT.
Sur la loi Travail, Hollande veut tenir et d’ailleurs après ce qui a été dit il n’a plus guère de choix. Mais le chef de l’État n’entend pas désespérer les grévistes. "Il faut être ouvert à des formes de discussion et de dialogue. Pas sur la loi elle-même. Mais à la SNCF, à la RATP, à Air France, dans l’aviation civile, des discussions sont déjà ouvertes ; elles étaient prévues, indépendamment de la loi. Il y aura aussi bientôt l’accord définitif sur les intermittents. Dans les ports, Alain Vidalies mène une négociation européenne sur les dockers. La CGT sait qu’elle n’obtiendra pas le retrait de la loi, mais il faut qu’ils obtiennent des choses dans d’autres secteurs", raconte un intime du Président.
Du "grain à moudre" pour la CGT?
Les routiers en entrant dans le mouvement contre la loi El Khomri ont déjà obtenu satisfaction sur le paiement de leurs heures supplémentaires. "Tu ne peux pas arriver avec une CGT frustrée et une CFDT trahie. Alors tu donnes des choses à des gens qui sont mobilisés mais qui ne sont pas vraiment concernés par la loi. Et puis roule ma poule", décrypte un dirigeant de la majorité. "Il y a des luttes partielles qui s’agrègent dans ce mouvement, qui ne concernent pas la loi travail proprement dite et qui sont en négociation en ce moment. Ces salariés peuvent obtenir satisfaction, au moins en partie. Ils ne rentreront pas chez eux penauds, frustrés, sans rien, ils auront trouvé leur débouché", analyse un proche de Hollande, qui sait bien que l’humiliation de jours de grèves et de manifestations sans victoire est mauvaise conseillère. Pas sûr que ce scénario permette à lui seul une sortie de crise sociale. Mais il esquisse une piste. François Hollande a été adhérent de la CFDT quand il était à la Cour des comptes, mais il n’a pas oublié l’expression fétiche d’André Bergeron, patron historique de FO, le fameux "grain à moudre".
Le temps presse
Le problème est maintenant que le temps presse. Il n’est pas question pour l’exécutif de rentrer dans la période de l’Euro de football avec des manifestations dans la rue et des grèves de transport. Donc il faut que la sortie de crise intervienne très rapidement !...