Le débat autour du changement de nom du Front national est "un débat tout à fait inutile", selon son ancien président, Jean-Marie Le Pen. Alors que sa successeur, Marine Le Pen, a confirmé ce week-end que la question méritait "d'être posée", son père a prévenu lundi 20 octobre : il s'agirait d'une "trahison des militants".
Pour Jean-Marie Le Pen, le Front national ne doit pas changer de nom, il y veillera personnellement. Lundi 20 octobre au matin sur RMC et BFMTV, l'ancien président du parti a de nouveau montré son hostilité à cet égard. Il réagissait aux propos de sa fille, Marine Le Pen, qui a reconnu samedi publiquement que la question du changement de nom du FN "mérit(ait) d'être posée". Mais il s'agit d'un débat "tout à fait inutile", a estimé au contraire son président d'honneur. "Je ne vois pas l'intérêt. Je comprends qu'un certain nombre de gens récemment arrivés au Front national venant d'autres partis politiques n'aient pas de sentiment à l'égard d'un drapeau qui flotte depuis 40 ans et qui a coûté cher à ceux qui l'ont planté et défendu", a affirmé Jean-Marie Le Pen.
Des propos qui visent directement ceux qui, dans l'entourage de sa fille, plaident pour ce changement. La semaine dernière, c'est le numéro deux du parti venu de la gauche chevènementiste, Florian Philippot, qui a ainsi relancé le débat en indiquant que les adhérents pourraient être consultés dans un questionnaire, après le congrès de l'organisation fin novembre à Lyon. Des propos confirmés par la présidente du parti ce week-end, qui a toutefois prudemment renvoyé cette question "à quelques mois". De même, le député du Gard Gilbert Collard, qui se définit comme "mariniste" mais n'est pas adhérent du FN, jugeait lui aussi pour leJDD.fr "normale" une telle évolution, Marine Le Pen ayant développé des idées nouvelles par rapport à son père. D'autres au contraire, comme Louis Alliot, assurait qu'il n'y avait pas d'"intérêt à changer de nom" alors que la formation "progress(ait) dans l'opinion".
Marine Le Pen : "On n'a pas à m'interdire quoi que ce soit"
C'est l'argument repris lundi 20 octobre par Jean-Marie Le Pen, qui avait déjà évoqué la semaine dernière - avant que sa fille ne la reprenne à son compte - une idée "débile". "On change de nom quand on a fait faillite", a-t-il détaillé. "Quand on est en période électorale capitale (...), on essaie d'éviter les sujets qui fâchent et celui-là n'est pas essentiel, encore que certains peuvent penser, à tort à mon avis, qu'en changeant de nom, on va capter des gens qui n'oseraient pas venir maintenant", a-t-il dit. Pour le député européen de 86 ans, ce serait donc "tromper les gens" que de remettre en cause le nom du FN. Il a évoqué "une maladresse" et, pis encore, "une trahison des militants qui ont construit le mouvement, qui ont souffert, qui se sont battus, qui ont imposé envers et contre tout un des éléments déterminants de la vie politique française".
L'attachement de Jean-Marie Le Pen au nom du Front national, qu'il a dirigé pendant près de 40 ans de 1973 à 2011, est intact. Si bien que l'ex-président du parti a plusieurs fois donné des coups de griffes à sa fille, surtout depuis qu'elle a initié à partir de 2012 le Rassemblement bleu Marine. Une initiative "pour les tièdes", disait-il l'an dernier au JDD.fr. Le père et la fille ont abordé ce sujet entre eux la semaine dernière. Et en privé, la dirigeante ne cache pas qu'un nouveau nom serait une étape supplémentaire dans sa stratégie de dédiabolisation : "J'ai dit à Le Pen que si je ne m'appelais pas Le Pen, il ne faudrait pas changer de nom." Avant d'asséner : "Mais Le Pen, par la violence de sa réaction, a interdit d'y réfléchir. Et moi, on n'a pas à m'interdire quoi que ce soit."
Source : leJDD.fr 20-10-2014
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