Jeudi 9 juillet à l'occasion de sa venue en Bolivie, le pape François s'est vu remettre par le dirigeant socialiste Evo Morales un cadeau original : une sculpture du Christ crucifié sur une faucille et un marteau. Cela a laissé le souverain pontife perplexe.
Humour ou provocation? Le cadeau du président bolivien Evo Morales au pape François, remis jeudi 9 juillet au palais présidentiel de Bogota, en Bolivie, a déjà fait beaucoup parler. Il s'agit d'un Christ crucifié sur une sculpture en bois de la faucille et du marteau, le symbole du communisme. L'œuvre a été réalisée par le père jésuite Luis Espinal, également poète et artiste, assassiné en 1980 par des paramilitaires d'extrême droite, auquel le pape a rendu hommage mercredi à son arrivée à La Paz.
Mais cette association insolite a été critiquée, notamment sur les réseaux sociaux. Sur plusieurs photos, on peut même apercevoir le souverain pontife visiblement perplexe face au dirigeant, qui se définit comme socialiste. "Je crois que l'expression du visage du pape en dit long. Il avait l'air surpris, est resté bouche bée, pas du tout souriant. La question est de savoir comment déchiffrer son visage", a affirmé à l'AFP Mgr Eugenio Coter, vicaire apostolique du département amazonien de Pando. "Nous sommes habitués à l'originalité créative du président Morales", a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a reconnu que la remise de ce cadeau et de deux décorations officielles dédiées à Espinal n'était pas prévue au programme. "Le pape n'a pas fait d'observation particulière à ce sujet", a-t-il toutefois commenté.
"Une facétie" de Morales
« C'est une provocation, une blague », a pour sa part estimé l'évêque bolivien Gonzalo del Castillo. "Un cadeau anachronique", pour Francisco Zaratti, expert en religions. "Dans les années 70, un tel objet avait du sens, il représentait l'engagement envers le socialisme. Aujourd'hui, après la chute du mur de Berlin, il appartient au passé. Le ressortir aujourd'hui, hors contexte est une facétie du président" Morales, selon lui.
La ministre bolivien de la Communication, Marianela Paco, a quant à lui expliqué sur Radio Patria Nueva qu'il s'agit d'un cadeau symbolique, "parce que la faucille évoque le paysan et le marteau le charpentier, qui représentent des gens humbles, des travailleurs, le peuple de Dieu". "Telle était l'intention de ce cadeau, il n'y en avait pas d'autre", a-t-elle assuré. La ministre a rappelé que les dessins et sculptures de Paco Espinal "avaient toujours une signification profonde".
Evo Morales s'est peut-être rattrapé avec un deuxième cadeau, comme le montrent plusieurs photos de l'agence Reuters. Devant un public de quelque 3.000 personnes, on peut voir le président bolivien remettre un chapeau au Pape, flanqué des drapeaux argentin et bolivien, sur lequel est inscrit le mot "Tahuichi". Ce qui veut dire en langue amérindienne tupi-guarani "gros oiseau".