On ne sait toujours pas si Alexis Tsipras est un aventurier démagogue, comme le prétendent certains, ou un fin stratège politique. Toujours est-il qu’après avoir quitté la table de négociation avec ses créanciers en claquant la porte, après avoir organisé en toute hâte un referendum où il demandait aux grecs de dire NON au plan proposé par les créanciers de la Grèce il a finalement, sous la pression, soumis un nouveau plan de réformes très proche du précédent qu’il a fait valider par le parlement !.. Le parlement grec a, en effet, donné vendredi 10 juillet son aval au gouvernement d'Alexis Tsipras pour négocier un nouveau plan d'aide sur la base de propositions "loin" de ses promesses de campagne, mais bien accueillies par les créanciers. Elles doivent être examinées samedi par l'Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro.
Des mesures largement validées.
Le Parlement grec a approuvé par 251 voix pour (sur un total de 300) la nouvelle proposition soumise par le gouvernement grec à ses créanciers. Proposition qui reprend dans les grandes lignes ce que souhaitaient les créanciers et qui a fait renaître l'espoir qu'un accord puisse être conclu pour permettre le maintien du pays dans la zone euro.
Vendredi dans la soirée, une source européenne avait révélé que les trois institutions créancières (UE, BCE, FMI) jugeaient la proposition d'Athènes "positive", et constituant "une base de négociation" en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'un montant de 74 milliards d'euros. Exactement au même moment, le Premier ministre grec Alexis Tsipras était devant le Parlement, appelant les députés de tous bords à un vote de "haute responsabilité" et à l'autoriser à négocier ce plan, en reconnaissant que le gouvernement avait fait "des erreurs", que le plan était "très éloigné" des promesses de Syriza, mais qu'il était finalement le meilleur possible.
Des défections du côté de la gauche radicale
Les concessions du gouvernement ont d'ailleurs provoqué plusieurs défections dans les rangs de la gauche radicale puisque huit députés Syriza se sont abstenus, deux ont voté contre et sept étaient absents lors du vote, dont l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis qui a démissionné au lendemain du référendum de dimanche dernier.
La proposition sera examinée samedi 11 juillet par les ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, avant de déboucher dans le meilleur des cas sur "un accord politique", avant un sommet extraordinaire des 28, dimanche, qui pourrait relancer officiellement les négociations. Il s'agira d'étudier le document publié dans la nuit de jeudi à vendredi, et dans lequel -moins d'une semaine après avoir fait voter non à 61% par la population sur un texte très proche- Athènes s'engage à adopter une grande partie des mesures proposées par les créanciers.
Les propositions d'Athènes paraissent en effet désormais toutes proches des vœux de ceux-ci, sur la plupart des sujets qui fâchent : retraites, TVA, privatisations, taxe sur les sociétés...
"Syriza soutient le capitalisme"
Certains Grecs ayant voté non dimanche faisaient part de leur mécontentement. Sept à huit mille personnes ont ainsi manifesté vendredi 10 juillet au soir à Athènes à l'appel du PAME, syndicat communiste, et de partis de gauche. "Syriza soutient le capitalisme", affirmait une banderole. "Si les Grecs ont voté aussi massivement pour le non c'est parce qu'ils voulaient mettre fin à la rigueur. Le gouvernement n'en tient pas compte", déplorait Evgenia Roussos, une étudiante proche du parti Antarsya ("Mutinerie").
"Il y avait beaucoup de oui dans le non et beaucoup de non dans le oui" au référendum, expliquait, philosophe et résigné, Grigoris Manthoulis, un commerçant dont l'activité est au ralenti depuis la fermeture des banques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin. Cette mesure est prévue pour durer jusqu'à lundi mais le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas a laissé entendre vendredi qu'elle pourrait encore se prolonger, avec des aménagements.
Source : leJDD.fr 11-07-2015