Manuel Valls a détaillé mardi 8 avril à l'Assemblée les priorités de sa politique qu'il mènera comme Premier ministre. Quelques annonces audacieuses. Quelques impasses aussi notamment sur le programme d’économies de 50 milliards sur trois ans pour lequel on ne sait toujours pas grand-chose. Le point sur les principales annonces de son discours.
"Zéro charge pour l'employeur d'un salarié payé au Smic"
Manuel Valls a promis une baisse du coût du travail de 30 milliards d'euros d'ici à 2016, dans le cadre du "pacte de responsabilité" engagé par François Hollande. Les cotisations patronales à l'Urssaf (réseau de collecte des cotisations) seront donc "entièrement supprimées" au 1er janvier 2015, ce qui aboutira selon lui à "zéro charge pour l'employeur d'un salarié payé au Smic". Dès lors, le barème des allégements existants entre le Smic et 1,6 fois le Smic "sera modifié en conséquence". "Nous y consacrerons 4,5 milliards d'euros", a-t-il souligné.
Des suppressions de taxes sur les entreprises
Le Premier ministre s'est engagé à un abaissement à "28% d'ici à 2020" de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, avec "une première étape en 2017". Il s'est engagé aussi à la suppression en trois ans de la "CS3 -contribution sociale de solidarité des sociétés-" et a confirmé celle de "plusieurs dizaines de petites taxes complexes et de faible rendement".
Des allégements sur les cotisations familiales
"Pour les salaires jusqu'à 3 fois et demi le Smic, c'est-à-dire plus de 90% des salariés, les cotisations famille seront abaissées de 1,8 point au 1er janvier 2016", a annoncé Manuel Valls. "Cela représente un allégement supplémentaire de près de 4,5 milliards d'euros", a-t-il précisé. Le taux des cotisations familiales est actuellement de 5,25%. "Cela ne pénalisera en rien le financement de la politique familiale, qui se verra affecter d'autres recettes pérennes", a-t-il assuré sans précision. Les travailleurs indépendants et artisans bénéficieront d'une baisse de plus de trois points de leurs cotisations famille dès 2015, ce qui représente 1 milliard d'euros. Ces allègements s'ajoutent au crédit d'impôt compétitivité (CICE) qui représentera 20 milliards d'euros en 2015 pour les entreprises.
Abaissement des cotisations salariales
Le gouvernement veut "améliorer le pouvoir d'achat des salariés les plus modestes. "Le meilleur moyen, c'est d'agir sur les cotisations salariales pour augmenter le salaire net, celui que l'on touche à la fin du mois. Dès le 1er janvier 2015, elles seront diminuées pour les salaires au niveau du Smic", a indiqué Manuel Valls. La mesure permettra de "procurer 500 euros par an de salaire net supplémentaire" aux salariés concernés, qui touchent le salaire minimum. "C'est presque la moitié d'un 13e mois pour un salarié payé au Smic", a-t-il fait valoir, soulignant que "ce gain sera dégressif entre le Smic et 1,3 fois le Smic".
Fusion des régions, suppression des départements
Affiché déjà comme une priorité par François Hollande, la réduction des collectivités territoriales se précise. Le Premier ministre veut "réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone", qui passerait donc de 22 à 11. « Si les régions ne le font pas d'elles-même, le gouvernement proposera, après les élections de mars 2015, par la loi une nouvelle carte » qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017. Une nouvelle carte des intercommunalités sera également effective au 1er janvier 2018. Enfin, Manuel Valls veut un "débat sur l'avenir des Conseils départementaux", avec l'objectif de les supprimer "à l'horizon 2021".
L'objectif de réduction du nucléaire "sera tenu"
Gros chantier de l'année 2014, la loi sur la transition énergétique sera bien présentée "avant l'été". "L'engagement du président de la République de passer (de 75%) à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025 sera tenu", a confirmé Manuel Valls. Celui-ci veut aussi s'appuyer sur "une stratégie bas carbone" pour faire face à "l'enjeu planétaire majeur" du climat. Le Premier ministre a réaffirmé les objectifs de réduction de "30% de notre consommation d'énergie fossile d'ici 2030 et de 40% de nos émissions de gaz à effet de serre à la même échéance".
"L'apaisement" sur les sujets de société
Evoquant la loi sur "le mariage aux couples de même sexe", Manuel Valls a dit désormais souhaiter "l'apaisement". "Dans un pays traversé par les fractures, les rumeurs, notamment sur cette soi-disant théorie du genre à l'école, tous les républicains doivent savoir s'écouter, se retrouver et éviter les surenchères, dont les extrémismes au fond sont les seuls vainqueurs", a-t-il lancé. Avant d'énumérer : "Je pense à la réforme pénale, dont le but, je le rappelle, est de lutter contre la récidive. Je pense à la famille, sujet sur lequel nous devons continuer à légiférer dans le seul intérêt de l'enfant. Je pense à la politique d'immigration et d'asile : deux projets de loi vous seront bientôt soumis. Je pense aussi à la fin de vie pour laquelle un consensus peut être trouvé dans le prolongement de la loi Leonetti", a-t-il énuméré.
De nouvelles concertations sur les rythmes scolaires
La réforme des rythmes scolaires sera "assouplie", "après les concertations nécessaires avec les enseignants, les parents et les élus", a déclaré le chef du gouvernement. Ce dernier a assuré avoir "entendu les remarques de bonne foi venant des élus" mais a toutefois estimé qu'il s'agissait d'une "bonne réforme", qui doit être généralisée à la rentrée 2014.
Eviter un "euro trop fort"
"Je suis pour le sérieux budgétaire, pas pour l'austérité (...) Nous allons l'expliquer à nos partenaires européens", a promis Manuel Valls, qui s'est prononcé contre un "euro trop fort". L'hôte de Matignon a ainsi assuré que la reprise économique ne devait pas "être balayée par le niveau trop haut de l'euro", qui pèse sur les exportations françaises. Il souhaite notamment discuter du rôle de la Banque centrale européenne, jugé "moins expansionniste" que la FED américaine.
Une "exigence de dialogue"
Manuel Valls a promis un maximum de concertation. D'abord politique. "Je connais les attentes de la majorité parlementaire, je les partage et je veux travailler avec elle sur la base d'un contrat équilibré", a-t-il dit, alors que de nombreux socialistes réclamaient un "contrat de majorité". Le chef du gouvernement veut aussi dialoguer avec les partenaires de la majorité, les "radicaux (...) mais aussi les écologistes", ainsi que l'opposition. Il a ainsi invité les présidents de groupe UMP et UDI à venir le rencontrer la semaine prochaine. "Le dialogue, c’est aussi le dialogue social", a aussi déclaré Manuel Valls, qui ajoute que ce dialogue "vaut également pour les élus locaux".
Source : leJDD.fr 08-04-2014
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)