Manuel Valls et Christiane Taubira ont, chacun dans leur registre, répondu à Nicolas Sarkozy, qui les accuse directement d'avoir été au courant de sa mise sur écoute.
"Je sais, la ministre de la Justice n'était pas au courant, malgré tous les rapports qu'elle a demandés et reçus. Le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation. De qui se moque-t-on?" Voilà comment Nicolas Sarkozy a accusé dans la tribune au « Figaro » publiée vendredi 21 mars Christiane Taubira et Manuel Valls d'avoir été au courant qu'il était sur écoute, bien avant que « Le Monde » ne le révèle le 7 mars.
Dans une tribune publiée sur « Rue 89 », Christiane Taubira lui répond. Pas sur la date de sa connaissance des écoutes mais sur le fond de son intervention. Sans le citer, elle rappelle à Nicolas Sarkozy son action en évoquant "la France où les magistrats furent traités de 'petits pois' et les chiffres de la délinquance grossièrement manipulés". "Non, la France aussi brutalement humiliée par cette comparaison avec un régime autoritaire où sévissait la Stasi, c’est la France dont, justement, les électeurs ont choisi de rétablir l’Etat de droit", écrit-elle alors que Nicolas Sarkozy a comparé les méthodes des juges à celle de la police politique de l'ex-RDA.
La garde des Sceaux assure que depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, la France "exerce une égale vigilance au respect de la présomption d’innocence (où aucune parole présidentielle ne désigne 'coupable' une personne non encore jugée), au renforcement des droits de la défense, à la réelle liberté des juges et au rétablissement de la dignité de leur fonction".
"Souffrez que ce gouvernement respecte les règles"
A la question de savoir quand l'exécutif avait été mis au courant des écoutes de Nicolas Sarkozy, elle répond :"Evacuons peut-être cette tentative inutilement perfide de ramener la diversion par la question de qui savait ou pas. Est-ce un sujet pour l’exécutif de savoir ou pas? "Et oui, les procédures sont et doivent être les mêmes, que l’on soit puissant ou misérable", répète-t-elle aussi. Et la ministre de la Justice de conclure :"Puissant ou misérable, c’est la grandeur de la démocratie que de faire de l’un et de l’autre un citoyen comme les autres. Dans la norme du droit. Normal."
Dans un autre registre, Manuel Valls a également répondu à l'ancien chef de l'Etat : "J'ai le sentiment en lisant ce texte que Nicolas Sarkozy, pris par une forme de rage, veut tout détruire pour se protéger, se protéger de quoi, je ne le sais pas, c'est à la justice de le dire", a-t-il déclaré vendredi 21 mars sur Europe 1. Le ministre de l'Intérieur a dit éprouver un "grand malaise" face à ces "mots violents et outranciers qui traduisent une absence de sérénité et de mesure". "On ne peut pas comparer la France à une dictature, on ne peut pas comparer la police et la justice françaises à la Stasi, on ne peut pas mettre en cause les magistrats", a réagi le locataire de la place Beauvau. Et comme il l'avait déjà fait, le ministre a assuré qu'il n'était "pas informé d'une écoute judiciaire de Nicolas Sarkozy puisqu'il "n'avait pas à l'être". Et d'ajouter : "Souffrez que ce gouvernement respecte les règles."
Source : leJDD.fr 21-03-2014
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