Au lendemain de la grande mobilisation parisienne des médecins libéraux, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, annonce ce lundi 16 mars que son projet de loi sera examiné en procédure accélérée pour «ne pas allonger outre mesure» les débats sur ce texte controversé. Une provocation de plus à l’encontre des syndicats des professions médicales.
Marisol Touraine assure vouloir «travailler avec les médecins, pas contre les médecins». Au lendemain de la grande manifestation des libéraux contre sa «loi Santé», la ministre a indiqué ce lundi 16 mars que le texte serait examiné en procédure accélérée. C'est à dire une seule lecture par chambre dans le traditionnel va-et-vient parlementaire. «Je ne crois pas qu'il soit utile» que l'examen «s'étire pendant six mois, huit mois à l'Assemblée nationale compte-tenu de l'encombrement qu'il y a au Parlement», a-t-elle fait valoir sur « BFM TV ». Et de préciser qu'elle avait demandé cette procédure accélérée «il y a plusieurs mois».
La veille, la ministre avait expliqué que cette loi «ne se ferait pas sans les médecins», après avoir reçu une délégation de manifestants. Et de préciser ce lundi : «Je pense que le débat a lieu avant, a lieu pendant le débat parlementaire, on n'a pas besoin de l'allonger outre mesure». L'examen du projet de loi commence mardi 17 mars en commission des Affaires sociales et le débat dans l'hémicycle de l'Assemblée «fin mars-début avril», a-t-elle confirmé.
Les médecins pourront consulter les amendements
«J'ai entendu les inquiétudes que portent les médecins et j'ai entendu les demandes de réécriture de certains articles», a par ailleurs affirmé Marisol Touraine. La semaine dernière déjà, la ministre avait tenté de désamorcer la tension en acceptant des aménagements à son texte et a précisé dimanche avoir déposé quelques amendements. «Si les médecins souhaitent voir ces amendements avant le débat à l'Assemblée nationale, je leur ai indiqué que c'était évidemment possible», a-t-elle insisté ce lundi.
La ministre a par exemple assuré qu'une garantie de paiement en sept jours, en cas de défaillance du patient bénéficiaire du tiers payant, serait inscrite dans le texte. Mais les syndicats de rétorquer que cette garantie existe déjà... Leurs revendications vont également au delà de leur refus du tiers payant généralisé : difficultés d'installation, défense de la liberté d'exercer, crainte d'une bureaucratisation, etc.
«Un cas de surdité pareil, c'est rarissime», ironise sur « BFM TV » le président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon. La Ministre joue gros dans ce face à face inédit avec un monde de la santé pour une fois parfaitement uni !...