Après le nouveau sursis de deux ans accordé à la France pour abaisser son déficit en dessous des 3% du PIB, on croyait les esprits apaisés. Il n’en est rien car en marge d'une réunion des ministres de l'Economie à Bruxelles, Emmanuel Macron a déclaré que la France respecterait son engagement d'atteindre 3% de déficit en 2017. Mais il a averti que la France ne fera pas plus des 50 milliards d'économies prévus.Or ce n’est pas là le contrat passé avec l’Europe
Le ministre de l'Economie l'assure : la France "mettra en oeuvre les 50 milliards d'économies et atteindra 3% de déficit en 2017". C'est ce qu'a déclaré Emmanuel Macron lundi 2 mars en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. Le ministre des Finances, Michel Sapin, avait déjà assuré que Paris tiendrait cet objectif, car "c'est ce que la France a souverainement décidé à travers le Parlement".
Mais les ministres français font mine d’oublier une autre partie du contrat. La semaine dernière, la Commission européenne a accordé un nouveau délai de deux ans à Paris pour revenir sous le seuil de 3% de déficit, soit jusqu'en 2017. Mais en échange, elle lui a fixé une trajectoire exigeante : un déficit public de 4,0% en 2015 au lieu des 4,1% prévus par le gouvernement, puis 3,4% en 2016 au lieu des 3,6% prévus par Paris, et enfin 2,8% en 2017.
Les demandes pour 2016 et 2017, "pas raisonnable"
"Nous ferons 50 milliards d'euros d'économies, mais pas plus", a ajouté lundi Emmanuel Macron, faisant valoir que des coupes supplémentaires seraient néfastes tant pour l'économie française que pour la zone euro.
A Paris, on insiste sur la détermination de la France à réaliser les 50 milliards d'économies promis, mais on estime que les demandes de la Commission pour 2016 et 2017 reviennent à augmenter de plus de 30 milliards cet effort, ce qui "n'est pas raisonnable macro-économiquement", explique-t-on, car "cela cassera la croissance".
Réunion le 10 mars à Bruxelles
En revanche, l'effort supplémentaire demandé pour 2015 "sera fait", indique-t-on de même source. Pour cette année, la Commission a en effet fixé à la France un effort structurel de 0,5 point de PIB, le minimum exigé par l'UE. Mais elle estime pour l'instant que les plans soumis par le gouvernement français ne permettent qu'une réduction de 0,3 point. Il manque donc 0,2 point, l'équivalent de 4 milliards d'euros.
Le sujet doit être discuté le 10 mars au cours d'une réunion des ministres des Finances européens à Bruxelles, et la France va devoir batailler pour convaincre ses partenaires, dont certains s'irritent des délais à répétition obtenus par Paris pour ramener son déficit dans les clous européens.