Après plusieurs jours de réflexion pour décider s’ils allaient se rencontrer, les négociations en Suisse entre le régime syrien et l'opposition ont avancé. Un succès permis par le médiateur des Nations unies, Lakhdar Brahimi.
Dire qu'il s'agit d'une victoire après trois ans de guerre civile et 130.000 morts serait exagéré. Mais l'annonce samedi 25 janvier par le médiateur des Nations unies, Lakhdar Brahimi, d'un accord entre les délégations syriennes pour évoquer dès lundi "une pause humanitaire" à Homs, assiégé depuis 600 jours, constitue incontestablement un progrès. Les deux camps ont également prévu de traiter lundi du principe d'un échange de prisonniers et de personnes enlevées. Pour en arriver là, il a fallu "avaler sa rancœur", selon les mots du chef des négociateurs du régime de Damas, Bachar Al-Jaafari. "Ce n'était pas facile pour nous de nous asseoir avec la délégation qui représente les tueurs à Damas, mais on l'a fait dans l'intérêt du peuple syrien", a répondu l'un des représentants de l'opposition (photo).
Des discussions très encadrées
Dans l'après-midi, refusant de s'adresser la parole directement, les délégués des deux parties ont fait valoir leurs arguments tour à tour en s'exprimant en direction du médiateur. "Il faut qu'ils gardent leurs nerfs, qu'ils résistent aux provocations." Celui qui parle ainsi des négociateurs, un diplomate européen engagé sur le dossier, sait qu'ils négocient sous la pression. Celle des diplomates du groupe des « Amis de la Syrie » qui se réunissent tous les jours autour de l'ambassadeur français Éric Chevallier pour affiner le message à faire passer à la coalition de l'opposition syrienne. Celle des émissaires de Sergueï Lavrov, chargés de maintenir les représentants de Bachar el-Assad à Genève pour que l'on puisse dire que la Russie joue son rôle de "parrain" actif dans le processus. Mais comment rester de marbre alors que l'aviation syrienne a de nouveau bombardé samedi Alep et la banlieue de Damas avec des barils remplis de TNT?
Vers la "transition politique"?
La pression de Lakhdar Brahimi a également son importance. "C'est le seul à pouvoir parler aux deux camps en même temps", explique une source diplomatique sur place à Genève. L'homme a acquis une expérience incomparable. Ce diplomate algérien, qui vient de fêter ses 80 ans, a succédé dans cette fonction de médiateur à Kofi Annan, qui avait jeté l'éponge en août 2012. Représentant du FLN à l'âge de 22 ans en Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde, il a sillonné le monde et connaît le clan Assad. Il y a plus de trente ans, c'est lui qui avait fait le voyage à Damas pour réconcilier Hafez El-Assad avec Yasser Arafat.
Mais dans le genre de conflit que connaît la Syrie, il a surtout été l'homme de l'ONU en Afghanistan, lorsqu'il a fallu reconstruire un État, tout comme dans les décombres des guerres du Liban ou de Somalie. Il a la confiance des Américains et des Russes et il est respecté par chacun des deux camps syriens. Dans une interview à Jeune Afrique, en octobre 2013, il disait avoir accepté une "mission presque impossible". La discussion pourrait s'orienter à partir de lundi à Genève vers la fameuse "transition politique" qui implique pour l'opposition le départ de Bachar El-Assad. Pour les nerfs des uns et des autres, ce sera le test de résistance.
Source : leJDD.fr 26-01-2014
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