L'annonce de la modulation des allocations selon le revenu, si elle a suscité la colère de la droite, ne fait pas que des heureux à gauche. Deux élus "frondeurs" refusent de considérer cela comme une "victoire politique" des députés PS, évoquant une réforme gouvernementale de la politique familiale faite "dans l'urgence et l'improvisation".
Non, la modulation des allocations familiales selon le revenu - à la place d'autres baisses de prestations comme la prime à la naissance - n'est pas une "victoire" des députés PS sur le gouvernement. C'est ce qu'affirmaient jeudi 16 octobre au soir deux députés socialistes frondeurs, Christian Paul (photo) et Fanélie Carrey-Conte, spécialistes des questions sociales. C'est pourtant sous la pression du groupe PS que le gouvernement a consenti à entériner cette mesure.
Dans un billet publié sur leurs blogs respectifs, les deux élus estiment que l'annonce "pourra apparaître louable à celles et ceux qui ressentaient les injustices fortes que contenait le projet de réduire les prestations pour les familles". "Cette recherche de la solution la moins injuste, qui, il est vrai, permet de ne pas toucher à la prime de naissance ou à la majoration à 14 ans, sera même présentée comme une avancée", ont dit les deux responsables, membres du collectif Vive la Gauche, toujours sévères à l'égard du gouvernement.
Hamon lui aussi critique
Ceux-ci ajoutent : "Mais pouvons-nous convertir en victoire politique une décision qui vient après deux semaines qui ont installé sans retour dans le pays l'idée que les prestations familiales allaient baisser? Peut-on oublier que cette 'victoire' vise essentiellement à effacer une faute, l'augmentation des économies consacrées à la branche famille (700 millions d'euros en 2015)?" Outre une réforme gouvernementale de la politique familiale "dans l'urgence et l'improvisation, et à partir de la seule porte d'entrée des économies", le député de la Nièvre et l'élue de Paris ont aussi contesté sur le fond le choix de la modulation des allocations. "Le risque est réel de porter atteinte à l'adhésion de tous à l'État social, c'est une brèche ouverte pour l'affaiblissement des protections collectives, en premier lieu la Sécurité sociale", ont déclaré ces anciens membres de la commission des Affaires sociales, dont ils ont été évincés.
L'annonce, effectuée par la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, fait un tollé à droite. Et si elle a été soutenue "très majoritairement" par les députés socialistes, selon leur chef de file Bruno Le Roux, elle ne fait donc pas que des heureux à gauche. "Cette solution-là n'a pas ma faveur (...) Je suis attaché à l'universalité des droits", avait notamment réagi l'ex-ministre PS Benoît Hamon sur BFM. A l'inverse, Manuel Valls s'est félicité de la modulation des allocations familiales, "une mesure de justice", selon Matignon.
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