Les transporteurs français attendent du gouvernement un plan de soutien. Cet été, ils n'ont eu droit qu'à des hausses de… taxes. Ce sont pourtant 140 000 salariés qui sont concernés dans des emplois qui, a priori ne sont pas délocalisables.. pour l’instant !..
Il y a des coïncidences malheureuses. Fin juillet, le commissariat général à la stratégie et à la prospective remettait au Premier ministre un rapport alarmant sur l'état des compagnies aériennes européennes. Pointant les difficultés d'une des premières d'entre d'elles, Air France : 10.000 suppressions de postes en dix ans, un nouveau plan social dans les semaines à venir… L'encre du rapport à peine sèche, les transporteurs français apprenaient qu'ils allaient être frappés par une hausse – de plus de 12 % – de la « taxe Chirac », qu'ils sont quasiment les seuls au monde à payer. Une douche froide!
"Plusieurs mesures fiscales et financières"
Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, avait pourtant annoncé en février préparer un plan d'aide au secteur. Il doit comporter "plusieurs mesures fiscales et financières" censées accompagner "les efforts de productivité et de restructuration". Au cabinet du ministre, on avoue, embarrassé, que le sujet est encore "à l'étude"…
Pour l'aérien français et ses 140.000 salariés, il y a pourtant urgence. "D'ici deux à trois ans, un passager sur deux au départ de la France embarquera dans une compagnie étrangère", alerte Alain Battisti, président du premier syndicat national des acteurs de l'aérien, la Fnam. Selon lui, tous les transporteurs battant pavillon français vont afficher des pertes cette année. "On voudrait tuer le transport aérien français qu'on ne s'y prendrait pas autrement", surenchérit Yves Deshayes, président du SNPL, principal syndicat de pilotes. Bernard Pédamon, qui représente les salariés au conseil d'administration d'Air France, a interpellé cette semaine le Premier ministre. Pour lui, comme pour beaucoup d'acteurs, le gouvernement dispose de leviers puissants.
Concurrences "déloyales"
Il peut limiter la hausse des billets d'avion au départ de la France en stoppant l'augmentation des charges. "Toute nouvelle taxe sur le passager pénalise le trafic", reconnaît François Bacchetta, patron d'easyJet France, deuxième transporteur national. L'État peut aussi brider la progression des compagnies du Golfe en accordant moins de droits de trafic à Emirates ou à Qatar Airways. "Ils n'achèteront pas moins d'Airbus pour autant", insiste Bernard Pédamon.
Autre chantier : l'encadrement plus strict des compagnies low cost, qui taillent des croupières aux françaises avec des charges salariales largement inférieures. "Nous nous sommes retrouvés en concurrence avec des Roumains pour une desserte de l'île depuis Rome sans pouvoir rivaliser", regrette Hervé Pierret, membre du directoire d'Air Corsica. L'État pourrait aussi peser sur la politique de taxes aéroportuaires d'Aéroports de Paris. "Nous sommes les clients captifs d'une société détenue par l'État qui lui verse des dividendes avec les redevances que nous payons", se plaint un patron de l'aérien. Les compagnies françaises attendent aussi un déblocage du dossier sur le ciel unique européen. Le maintien de contrôles aériens nationaux au sein de l'Union génère un coût annuel estimé à plus de 4 milliards d'euros pour les compagnies. Chaque avion qui survole le Vieux Continent effectue du fait du système actuel quelque 50 km de plus. Mais deux jours de grève des contrôleurs français, en juin dernier, ont suffi à faire reculer de plusieurs années la position française. Autant de sujets qui mettent le gouvernement au pied du mur.