L’hypothèse d’une intervention militaire contre le régime syrien s’est accentuée ces derniers jours après l’attaque chimique du 21 août dans les faubourgs de Damas, imputée par les Occidentaux au régime syrien. Les Etats-Unis ont dit écarter toute “action unilatérale” mais pourraient intervenir au sein d’une coalition. Encore faut-il que cette coalition puisse se constituer rapidement. Une perspective qui est très loin de faire l’unanimité.
Ceux qui veulent intervenir militairement
Les Etats-Unis.
Dans un discours particulièrement offensif lundi 26 août dernier, le secrétaire d’Etat John Kerry a ouvert la voix à une intervention militaire en Syrie, assurant, dans une allusion au régime de Bachar el-Assad, que "le président Obama pense que ceux qui ont recours aux armes les plus atroces contre les populations les plus vulnérables de la planète doivent rendre des comptes". Le secrétaire d’Etat a également multiplié les entretiens tous azimuts. Ces dernières 48h, le diplomate américain s’est entretenu avec des membres de la Ligue Arabe, de l’ONU, ainsi qu’avec ses homologues britannique, français, canadien, russe, emirati, qatari, saoudien et jordanien. De son côté, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a assuré dimanche que les forces américaines sont “prêtes” à agir si nécessaire. Le président américain n’a plus abordé le dossier syrien depuis une interview à CNN le 23 août, deux jours après l’attaque chimique imputée au régime syrien. La Maison Blanche semblait alors plus réservée sur l'opportunité d'une attaque. "Si les Etats-Unis décident d'attaquer un autre pays sans avoir reçu de mandat de l'ONU et sans présenter de preuves suffisantes, on peut se demander si de telles démarches peuvent être approuvées par la législation internationale", s'était-il interrogé. Bref, on a bien compris que Barack Obama, Prix Nobel de la Paix n’est pas très chaud pour se lancer dans une nouvelle guerre alors qu’il manouvre depuis près de cinq ans pour arrêter les précédentes (Irak et Afghanistan). Mais si une coalition forte se dessinait il est probable que les Etats-Unis en prendraient la tête.
Le Royaume Uni.
Le Premier ministre David Cameron a été l’un des plus actifs dans le dossier syrien. Après avoir écourté ses vacances, il a décidé de convoquer jeudi 29 août le Parlement pour débattre de la situation syrienne. Downing Street dit se "réserver la possibilité de passer à l’action très rapidement si nécessaire", quitte à agir sans l’aval de l’ONU. “Est-il possible de répondre à l’usage d’armes chimiques sans unité complète au Conseil de sécurité de l’ONU? Je dirais que oui, sinon bien sûr ce pourrait être impossible de répondre à de telles atrocités, à de tels crimes, et je ne pense pas que ce serait une situation acceptable", a jugé sur la BBC le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.
La France.
Devant les ambassadeurs français, François Hollande a haussé le ton contre le régime syrien. "La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie, a-t-il déclaré solennellement. "Tout porte à croire que c'est le régime (de Damas) qui a commis cet acte abject", a souligné le chef de l'Etat. Pour justifier une telle intervention, François Hollande a évoqué la “responsabilité de protéger”, notion juridique qui permet une intervention militaire en cas de danger pour les populations civiles, mais qui doit aussi être approuvée par une résolution du Conseil de sécurité. Dans les faits, la France pourrait participer à une coalition menée par les Etats-Unis sans obtenir nécessairement un accord de l’organisation. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a assuré mercredi que "le président de la République prendra, le moment venu, les décisions qui s'imposent".
L’Allemagne.
Si elle ne s’y est pas encore formellement engagée, l’Allemagne pourrait se joindre à une éventuelle coalition. "L’utilisation d’armes chimique de destruction massive serait un crime contre la civilisation. Si une telle utilisation est confirmée, la communauté internationale doit agir. Alors l’Allemagne fera partie de ceux qui soutiennent des conséquences", a déclaré lundi le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs allemands à Berlin.
La Turquie.
Ankara, voisin du régime syrien, fait partie des pays les plus favorables à une intervention, même en l'absence de consensus à l'ONU. "Si une coalition est formée contre la Syrie lors de ce processus, la Turquie en fera partie", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu dans un entretien accordé lundi à un quotidien turc.
Ceux qui veulent une intervention sous l’égide de l’ONU
L’Italie.
"Sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Italie ne prendra part à aucune solution militaire", a assuré mardi la ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino devant le Parlement. "Même l’option d’une intervention limitée risque de devenir illimitée", a estimé la ministre, ajoutant que l’Italie était "déjà engagée et même sur-engagée" militairement dans d’autres régions du monde, notamment en Afghanistan.
Ceux qui ne veulent pas d’intervention du tout
La Chine.
Très critique vis-à-vis de toute ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, la Chine veut privilégier une "solution politique" pour résoudre la crise syrienne. "Toutes les parties doivent manier le sujet des armes chimiques avec prudence, afin d'éviter une ingérence dans (les tentatives) de résoudre par un règlement politique le problème syrien. La priorité numéro un du moment est de tenir la seconde conférence de Genève", a assuré lundi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Un ministre qui ne prend pas beaucoup de risques puisque la fameuse Conférence de Genève dont on parle depuis six mois a toujours été bloquée par la Russie..
La Russie.
Le Kremlin s’oppose fermement à toute intervention militaire en Syrie, qui affaiblirait nécessairement son allié Bachar el-Assad. Le chef de la diplomatie russe estime que "le recours à la force sans autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU est une violation grossière du droit international. (...) Une intervention non autorisée par la communauté internationale ne fait qu'aggraver la situation dans un pays que l'on voulait sauver de la dictature et où l'on voulait imposer la démocratie".
L’Iran.
Autre allié proche de Bachar el-Assad, l'Iran a tenu à rappeler qu'une intervention militaire "aurait assurément des conséquences dangereuses dans la région." "Ces complications et ces conséquences ne se limiteront pas à la Syrie, elles engloutiront la région tout entière" a menacé le ministère des affaires étrangères.
La situation continue à être extrêmement compliquée car il parait exclu maintenant qu’une coalition puisse obtenir un mandat de l’ONU. Il faudra donc faire sans l’ONU mais pour cela il faut présenter à la communauté internationale des preuves concrètes et fiables de la culpabilité de Bachar el-Assad dans les bombardements avec des armes chimiques. Des preuves qui vont être difficiles à apporter car chacun se souvient encore de l’intervention en Irak prétextée par la présence d’armes de « destruction massive » dont on a jamais retrouvé la moindre trace. Il faut également pour les diplomates qui s’y emploient depuis plusieurs jours, joindre à la coalition des pays arabes (Arabie saoudite, Qatar, Jordanie) pour que l’attaque de la Syrie ne soit pas le fait des seuls pays occidentaux.
Source : leJDD.fr 28-08-2013
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