Lors de l’ultime « concertation » au cours de laquelle le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a reçu, individuellement, les responsables syndicaux salariés et patronaux, j’avais été un peu surpris de voir sortir Pierre Gattaz, tout sourire, expliquer aux journalistes qu’il avait accepté une hausse modeste des cotisations retraites mais contre une promesse de Jean-Marc Ayrault d’une baisse substantielle du coût du travail. J’ai été un peu plus surpris le soir même d’entendre Jean-Marc Ayrault, lui-même, annoncer que le Medef avait accepté une hausse minime des cotisations patronales moyennant une baisse du coût du travail à finaliser « lors d’une négociation qui devrait démarrer rapidement » !..Le président du Medef qui s’aperçoit, mais un peu tard, qu’il s’est fait rouler par son interlocuteur "demande fermement" la baisse du coût du travail évoquée lundi 26 août dernier mais omise mardi par le Premier ministre.
Lundi 26 août dernier en fin d’après-midi, il arborait une mine réjouie en sortant du bureau de Jean-Marc Ayrault. Mardi soir, au contraire, il a envoyé un communiqué rageur à l’encontre du chef du gouvernement. Ce mercredi 28 août, le nouveau président du Medef, Pierre Gattaz, a rappelé le Premier ministre à son engagement du début de semaine, à l’occasion de l’université d’été de son organisation qui se tient sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines). Le patron des patrons s’est entendu promettre à Matignon une baisse "significative", selon ses termes, du coût du travail. "Nous demandons fermement un engagement pour une réforme en septembre, qui ait des effets dès 2014", plaide-t-il.
Le Premier ministre, explique Gattaz, a évoqué une réduction qui ferait mieux que compenser la hausse prévue par la réforme des retraites (un milliard d’euros l’an prochain, 2,2 milliards en 2020). Il en fut agréablement surpris. C’est sa revendication principale, son thème de campagne, réitéré ce mercredi sur le campus d’HEC devant un parterre de chefs d’entreprises, pour un objectif toutefois bien supérieur (10 milliards d’euros par an). "Ce n’est pas un cadeau aux entreprises, c’est un cadeau aux Français, à l’emploi", martèle-t-il à l’adresse de la gauche du PS.
Face à Jean-Marc Ayrault et ses ministres, lundi 26 août, la délégation du Medef avait obtenu des précisions. L’allègement serait décidé dès septembre, il pourrait être compensé par d’autres impôts que la TVA et la CSG, s’est-elle entendu répondre. Gattaz a aussi demandé au Premier ministre s’il pouvait évoquer publiquement cette piste sans être démenti. Ce qu’il fit.
L'arbitrage sera rendu avant fin septembre
Mardi soir, patatras. Exit la baisse de charges, le document délivré par Matignon évoque une simple compensation à la hausse des cotisations qui finance la réforme. La ristourne aura-t-elle vraiment lieu? Si oui, jusqu’où? Le Medef se dit en plein doute. Ses responsables ont rappelé le gouvernement pour se faire répéter la promesse oralement, sans être convaincus. Mercredi matin, le ministre du Travail Michel Sapin a donné des précisions sur RMC : les cotisations qui baisseront sont celles qui financent la branche famille et l’assurance-maladie, l’arbitrage sera rendu avant la fin du mois de septembre. "Dans trois semaines, les chefs d’entreprise sauront exactement ce qui se passe en terme d’évolution de leurs charges", a-t-il insisté. Mais il n’a pas évoqué par quel moyen l’Etat comptait financer ces baisses !...
Mais aucun des responsables de l’organisation patronale ne veut plus vendre la peau de l’ours… Jeudi, Pierre Gattaz aura une nouvelle occasion de se faire préciser les intentions du gouvernement : un face-à-face en public avec le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, est inscrit au programme de l’université d’été du Medef.
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