Les européens du G20 se sont vus entre eux en début de soirée jeudi 5 septembre afin d’afficher une heure plus tard une apparence d’unité au diner officiel offert par Poutine à tous ses invités.
"François, tu sais que je te soutiens". Voici ce qu’aurait répété Angela Merkel au président français lors de leur entretien en fin de matinée jeudi. Les conseillers du président en ont déduit qu’il était difficile à la chancelière d’aller plus loin. Personne n’attend d’elle qu’elle s’engage en faveur des frappes éventuelles de la coalition militaire franco-américaine compte tenu des difficultés constitutionnelles auxquelles elle est soumise. Mais Angela Merkel a tenu à dire sa solidarité de vues avec la France, d’abord au cours du "petit dîner" entre européens, puis lors du grand dîner que Vladimir Poutine offrait au château de Peterhof. "On comprend qu’elle a une élection importante dans moins de quinze jours", glisse un officiel français, et François Hollande n’entendrait pas lui compliquer la tâche dans cette dernière ligne droite.
Le conseiller spécial du maitre du Kremlin, Dimitri Peskov, avait habilement précisé en fin d’après-midi que la présidence russe avait accepté au dernier moment de consacrer une partie du dîner à la guerre en Syrie, non seulement parce qu’un "certain nombre de pays" l’avaient souhaité mais surtout parce c’était à la demande expresse du secrétaire général des Nations Unies. Une façon pour Vladimir Poutine de mettre à l’honneur dans ce diner syrien la prééminence de l’ONU.
Fabius va déjeuner avec Lavrov
Ban Ki moon a d’ailleurs pris la parole en premier au cours de la seconde partie du repas. Pour dire toute l’horreur que lui inspirait l’attaque chimique du 21 août et pour appeler chacun des membres du G20 "à prendre ses responsabilités". Ce qui a été compris par la partie française comme un appel à la raison. Non pas pour évincer les Nations Unies de leur rôle sur le plan du droit international, mais pour que chacun comprenne que le statu quo n’était pas tenable. Selon l’Elysée, les dirigeants des délégations britannique et espagnole ont donné le sentiment à table qu’ils ne se dissociaient pas du discours de fond français. Même le président du Conseil italien, pourtant indécis sur l’attitude à tenir, a fait attention à ne pas afficher de différence majeure avec ses partenaires européens. "De toute façon, l’unité des européens, elle se travaillera davantage à Vilnius", commente un conseiller élyséen. Allusion au sommet informel des ministres des affaires étrangères de l’UE qui se tient vendredi 6 septembre en Lituanie et auquel Laurent Fabius se rendra après avoir déjeuné à Saint-Petersbourg avec son homologue russe Sergei Lavrov.
La France et d’autres veulent un rapport intermédiaire de l’ONU
Au final, le dîner "syrien", qui s’est poursuivi après minuit, n’a pas été aussi "tendu" qu’on pouvait l’imaginer. Selon une source autorisée à en rendre compte, chacun des 20 membres du forum a pu s’exprimer. Le plus souvent pour afficher des positions déjà connues, mais sans véhémence ni volonté de confrontation. Pour ceux qui ont fait connaitre leur opposition aux frappes punitives, les références à la mission des inspecteurs de l’ONU et au rôle du Conseil de Sécurité ont été marquées. "Beaucoup préfèrent regarder ailleurs", commente un officiel français, pour qui certains de ces pays réviseront sans doute leur position une fois que le Congrès américain aura donné son appui au président Obama. Ou bien lorsque le rapport des inspecteurs de l’ONU sera rendu public. Les français et la plupart de leurs partenaires en Europe souhaitent même que ses principales conclusions (apparemment connues de certains Etats-membres), soient exposées au Conseil de Sécurité sans attendre que toutes les expertises soient achevées.
Source : leJDD.fr 06-09-2013
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