Une proposition de loi UDI, adoptée définitivement par le Parlement mercredi 12 février, reconnaît le vote blanc comme expression politique à part entière. Mais il ne sera pas compté comme un "suffrage exprimé". Donc, au final pas de grands changements en perspective !..
Qu'est-ce que le vote blanc?
Après les députés en novembre dernier, les sénateurs se sont prononcés mercredi 12 février à l'unanimité pour la reconnaissance des votes blancs, distingués des votes nuls, mais la majorité socialiste a repoussé l'entrée en vigueur de cette mesure prônée par l'UDI après les prochaines élections municipales. Aujourd'hui, il n'est pas possible de distinguer les électeurs se trompant ou raturant leurs bulletins - les votes nuls - et ceux qui, tout en jouant le jeu de la démocratie, veulent signifier qu'ils ne se reconnaissent en aucun des candidats - les votes blancs.
Or au second tour de l'élection présidentielle de 2012, 2,15 millions d'électeurs, soit 5,8% des votants, ont voté blanc ou nul. Ce chiffre élevé, résultant notamment de la consigne de vote de Marine Le Pen, a presque égalé le record de 1969 (6,4%) lorsque les communistes avaient refusé de choisir entre le centriste Alain Poher et le gaulliste Georges Pompidou. "En conséquence, les électeurs n'ont aucun moyen de montrer qu'ils ne sont pas d'accord", déplore Stéphane Guyot, président du Parti du vote blanc, association qui milite pour la valorisation de cette pratique.
Une proposition de loi qui a peiné à aboutir
Depuis vingt ans, des parlementaires militent, et déposent des propositions de loi, en faveur du vote blanc. Au total, une vingtaine de textes, presque exclusivement déposés par les centristes (UDF, Nouveau centre ou UDI) et les écologistes, ont été rejetées. "Les partis de gouvernement, le PS ou le RPR/UMP, ont toujours été frileux car le vote blanc révélerait aux responsables politiques un réel rejet des électeurs", explique Stéphane Guyot.
Au vu des résultats de l'élection présidentielle, l'UDI s'est fait entendre des autres formations. Mais sa proposition de loi était loin d'être prioritaire. Ce texte ne rentrera pas en vigueur avant le 1er avril prochain. En effet, les socialistes, provoquant la fureur de l'UDI, ont fait passer un amendement qui décale l'application du texte pour après les municipales. "La logistique nécessaire à l'organisation des scrutins municipaux, qui coûte des millions d'euros, est déjà lancée. Nous ne pouvions donc la remettre en question", explique le député PS Pascal Popelin, auteur de l'amendement. Les Français ne pourront "voter blanc" qu'aux européennes de mai prochain.
Qu'est-ce que cela change?
Les électeurs ne pourront toutefois pas peser sur l'issue du scrutin puisque leurs bulletins ne sont pas décomptés dans les suffrages exprimés. Ce que réclame depuis des années le Parti du vote blanc de Stéphane Guyot. "Le pouvoir politique a peur de voir des votes blancs atteindre un pourcentage plus élevé que ceux de leurs partis", analyse-t-il.
Au contraire, Pascal Popelin estime que la proposition de loi votée mercredi "est une modernisation essentielle". Et d'expliquer que "compter les blancs pourraient créer des problèmes insolubles". Le député socialiste rappelle que le président de la République est élu, selon la Constitution, "à la majorité absolue des suffrages exprimés". Si les votes blancs étaient majoritaires, aucun chef de l'Etat ne pourrait donc être élu. Mais justement, pour Stéphane Guyot, "c'est en cela que le vote blanc serait une arme révolutionnaire".
Source : leJDD.fr 12-02-2014
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