Toute la semaine, depuis Sotchi, Vladimir Poutine a essayé d'influer sur le cours des événements en Ukraine. En refusant de signer le pacte de Kiev au côté des médiateurs européens, Moscou garde les mains libres.
Fidèle à lui-même, Poutine a toujours pris l'habitude de rester en retrait lorsque les nouvelles - sportives ou politiques - sont mauvaises, et de laisser ses subordonnés monter en première ligne. Sa "disparition" des écrans remonte à la défaite de l'équipe russe de hockey - "la meilleure équipe du monde", selon lui -, contre les États-Unis, le samedi 16 février, lors d'un match de qualification auquel il assistait. Il n'a pas commenté non plus son élimination en quart de finale par la Finlande trois jours plus tard. Depuis, il se contente d'envoyer des télégrammes de félicitations aux médaillés russes.
De la même manière, le chef d'État russe ne s'est pas une seule fois exprimé directement sur la crise ukrainienne cette semaine. En revanche, parallèlement à l'escalade des violences à Kiev, le ton de ses subordonnés s'est fait de plus en plus virulent. Mercredi 19 février dernier au matin, le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, donnait le la en soutenant le président ukrainien sur toute la ligne et en condamnant les "tentatives de renversement du pouvoir légitime" à Kiev. Il a confirmé que Poutine et Ianoukovitch avaient discuté mardi 18 au soir au téléphone, alors qu'un violent assaut était lancé contre les manifestants de la place Maïdan. Peskov n'a rien dit sur le contenu des échanges, sinon que Poutine n'avait donné ni consigne, ni conseil à son homologue. Plus tard dans la journée, c'est l'Occident qui était pointé du doigt. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères a qualifié de "scandaleuse" l'absence de réaction européenne à "l'orchestration d'une révolution brune", c'est-à-dire fasciste.
"Une position extrêmement dangereuse"
Le lendemain, jeudi 20 février, au plus fort du bain de sang (77 morts), c'était au tour du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, de tancer le chef d'État ukrainien. "Le pouvoir ukrainien ne doit pas se laisser traiter comme une serpillière sur laquelle on s'essuie les pieds", a-t-il déclaré, lui intimant ni plus ni moins d'utiliser la force pour rétablir l'ordre.
Pendant ce temps, le président russe agissait en coulisses, discutant avec Angela Merkel et David Cameron par téléphone jeudi 20, puis avec Barack Obama vendredi 21, "à l'initiative du président américain", précise le Kremlin. Une phrase du communiqué traduit son état d'esprit : "Le président russe souligne la nécessité de prendre des mesures urgentes pour stabiliser la situation, en mettant l'accent sur l'importance du travail avec l'opposition radicale, qui a placé la confrontation en Ukraine dans une position extrêmement dangereuse."
Inquiétudes pour la Crimée
En chœur, les chaînes télévisées, toutes alignées sur le Kremlin, n'ont cessé de dénoncer l'influence de l'Occident derrière les violences en Ukraine. "Le ton virulent des médias officiels russes dénote une tendance très inquiétante", souligne Viktor Sokolov, expert à l'Institut Gorshenin, à Kiev. "De quelle manière va réagir Moscou si la région autonome de Crimée demande son rattachement à la Russie? Va-t-on se retrouver dans un scénario géorgien?", s'interroge-t-il. Allusion à la guerre de 2008, lorsque Moscou était intervenu militairement pour empêcher Tbilissi de reprendre le contrôle sur deux régions sécessionnistes.
Source : leJDD.fr 23-02-2014
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