Des déclarations qui ne vont pas arranger les affaires du Vatican. Son numéro 2, le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, a déclaré à une radio chilienne qu'il n'existait pas de lien entre le célibat des prêtres et les actes pédophiles. Mais qu'il en voyait un avec l'homosexualité. Des propos qui se voulaient apaisants. Tentative manquée.

Quand le numéro 2 du Vatican s'essaie à une analyse psychiatrique concernant la pédophilie, on peut s'attendre à tout. Le cardinal secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, s'est pourtant frotté à ce périlleux exercice. "Nombre de psychologues et de psychiatres ont démontré qu'il n'y a pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d'autres ont démontré, et m'ont dit récemment qu'il y a une relation entre homosexualité et pédophilie", a lancé le numéro deux du Vatican, lors d'une visite à Santiago du Chili.

Ces simples propos auraient suffi à créer le scandale, mais le prêtre a décidé d'aller encore plus loin. "C'est la vérité, c'est le problème", a-t-il enchaîné, "cette pathologie touche toutes les catégories de gens, et les prêtres à un moindre degré si l'on regarde les pourcentages." La pédophilie n'aurait donc rien à voir avec les prêtres. L'homosexualité serait la cause de tout.  

Cette fois-ci, plus besoin d'ajouter quoi que ce soit, le scandale est là. Et, en effet, la démonstration, et l'amalgame qu'elle contient, n'ont pas été du goût des associations de lutte contre les discriminations. "Ni Bertone ni le Vatican n'ont l'autorité morale" pour offrir des leçons de sexualité, a ainsi déclaré Rolando Jimenez, président du mouvement pour l'intégration et la libération homosexuelle au Chili. "Il s'agit d'une stratégie perverse du Vatican qui cherche à fuir sa propre responsabilité", a-t-il ajouté.

Des "initiatives" pour sortir de la tourmente

Le Vatican n'avait pourtant pas ménagé ses efforts pour sortir le pape de la tourmente dans laquelle il se débat depuis la révélation de plusieurs scandales pédophiles. Affaires irlandaise, allemande, américaine, norvégienne, française, l'Eglise ne sait plus où donner de la tête mais tente de se défendre. Lundi, elle avait rendu publique, via son site Internet, les procédures mises en place en cas d'abus sexuels sur mineurs perpétrés par des prêtres.

La dénonciation de ces abus "aux autorités compétentes doit toujours respecter la loi ordinaire", indique le document d'une page et demie publié en anglais. "Le diocèse local doit également enquêter sur chaque allégation. Si [celle-ci] semble avérée, le cas est transmis" au Vatican. Dans les cas les plus graves, ou lorsque les preuves sont écrasantes, le prêtre peut être immédiatement réduit à l'état laïc par un décret papal, sans attendre l'issue d'un procès canonique.  

Des mesures prises en réaction aux scandales? Pas vraiment puisque celles-ci sont loin d'être nouvelles. Elles sont la synthèse du droit canon en général, d'un texte de 2003 et d'un motu proprio (décret) de 2001, signé par Jean Paul II sur la base d'un texte préparé par son futur successeur, le cardinal Joseph Ratzinger. Mais le texte de 2003 n'avait jamais été rendu public. Quant au motu proprio, il n'avait été diffusé sur le site qu'en latin et en portugais.

Des nouvelles dispositions seraient cependant en cours de préparation, comme l'a précisé le cardinal Tarcisio Bertone, à la fin de son analyse psychologique. "Je ne peux pas anticiper mais d'autres initiatives sont à l'étude. Cela ne manquera pas de vous surprendre." On attend. D'autant que le Vatican a une nouvelle gaffe à rattraper.

 Source : lejdd.fr 13-04-2010           

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