Deux mois après la libération de Hosni Moubarak, son successeur élu, le candidat des Frères Musulmans sera jugé à partir du lundi 4 novembre pour incitation au meurtre des manifestants qui réclamaient également son départ.
Cette fois-ci, c'est au tour de Mohamed Morsi. Les autorités égyptiennes, aux ordres du nouvel homme fort, le général al-Sisi, ont prévu 20 000 policiers dans les rues du Caire, pour étouffer toute velléité de protestation à l'heure de l'ouverture du procès. Le déploiement est massif – mais depuis ces dernières semaines, il est devenu presque habituel. Nul ne sait si Mohamed Morsi comparaîtra en personne devant un tribunal dont il ne reconnaît pas la légitimité. Mêmes les chefs d'accusation n'ont pas encore été officiellement communiqués par la Cour – c'est le journal gouvernemental qui s'en est chargé.
L'ex-président, avec quatorze autres hauts responsables des Frères, devrait répondre d'incitations au meurtre de manifestants, en décembre 2012, devant le palais présidentiel. Il est aussi accusé de violences pendant son évasion de la prison de Wadi Natroun, le 30 janvier 2011, en pleine révolution égyptienne. Pour les autorités, cette évasion a été organisée par le Hamas et le Hezbollah.
"Le parquet égyptien semble plutôt… sélectif"
Le président issu de l'organisation des Frères musulmans, élu en juin 2012, déposé par l'armée un an plus tard, est depuis retenu au secret. "Le procès peut être équitable sur le plan légal - mais ça reste à voir. Le parquet égyptien semble plutôt… sélectif sur l'utilisation de la violence par les différentes parties", estime Nathan Brown, professeur de sciences politiques spécialiste de l'Egypte. Pas de procès, en effet, pour le millier de morts du mois d'août dans la dispersion des sit-in pro-Morsi. Depuis, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées. Le dernier en date : Essam el-Erian, le plus florentin des Frères, qui narguait les autorités avec ses interventions sur al-Jazira.
Malgré cette répression sans détail, la "coalition anti-coup", en référence à la destitution de Mohamed Morsi, maintient les mobilisations. Tous les vendredis, ils manifestent dans une capitale égyptienne tétanisée par la peur, verrouillée par des blindés de l'armée à tous les carrefours. Il y a un mois, des affrontements avec des forces de l'ordre avaient provoqué la mort d'une soixantaine de manifestants.
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