Alors qu’il est au plus bas dans les sondages puisque le dernier en date indique que 75 % des français ne sont pas satisfaits, François Hollande s’inquiète pour sa « boite à outils ». Certes le Gouvernement a bien lancé tout ce qu’il croyait bon de faire pour relancer l’emploi mais ni les collectivités locales ni les patrons du privé ne semblent y croire vraiment !.. L’exécutif tente de mobiliser les chefs d’entreprise afin qu’ils utilisent au plus vite le Crédit d’impôt compétitivité emploi, dont les débuts sont hésitants. Idem pour les emplois avenir qui peinent à décoller.
Des petits patrons reçus à déjeuner à l’Elysée, une "culture du risque" promue à Matignon, un dialogue continu avec les "Pigeons"… L’exécutif multiplie les égards envers les chefs d’entreprise. Alors que la croissance reste au point mort et que la politique économique tarde à produire ses effets, François Hollande et Jean-Marc Ayrault tentent de mobiliser les milieux patronaux dans l’espoir de faire repartir l’activité au plus vite - et par là récupérer un peu d’oxygène politique.
Les dispositifs ne sont pas assez connus !..
Le gouvernement espère accélérer la mise en œuvre du pacte de compétitivité. Le crédit d’impôt (CICE) a donné lieu à 430 millions d’euros d’avances de trésorerie en faveur des PME, encore loin de l’objectif de 13 milliards fixé pour la fin de l’année !.. "Le CICE n’est pas encore assez connu", a admis Jean-Marc Ayrault jeudi 18 avril dernier. De la même façon, dans la sphère publique et associative, seuls 10.000 emplois d’avenir ont été recensés début avril, alors que 100.000 sont espérés sur l’année. Si les dispositifs ne sont pas assez connus on se demande alors pourquoi le Gouvernement n’a pas mis tout en œuvre pour les faire connaitre plus tôt. Car les mois défilent et rien ne se passe !..
Le président de la République veut comprendre par lui-même. François Hollande a invité vendredi 19 avril à déjeuner dix dirigeants de PME venus de Champagne-Ardennes et de Franche-Comté, pour entendre leurs doléances. Le chef de l’Etat voulait mesurer les entraves à la reprise et connaître leur appréciation sur l’action du gouvernement. L’idée avait germé il y a…. trois semaines.
"Culture du risque"
Pour éviter que ce rendez-vous ne soit une séance de négociations, l’Elysée a demandé aux préfets de région de proposer des noms d’entrepreneurs en excluant les responsables de fédérations patronales. L’entourage du Président leur a demandé d’être "directs et clairs". L’entretien s’est déroulé "calmement, dans une bonne ambiance", dit-on à l’Elysée, où l’on compte renouveler l’expérience.
Le président de la République, qui a pris des notes, a ainsi pu entendre une chef d’entreprise regretter la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, un de ses homologues se plaindre de la concurrence de la Chine, et plusieurs déplorer des difficultés à embaucher alors que le chômage ne cesse de grimper. Il a de nouveau constaté que les démarches administratives pouvaient retarder le développement des affaires, concluant le déjeuner sur ce point. "Cela valide nos idées sur le choc de simplification", souligne un proche du chef de l’Etat. Une ordonnance est certes prévue pour aplanir les formalités des entreprises, mais le calendrier de la loi d’habilitation reste inconnu.
A l’issue d’un séminaire gouvernemental sur le Pacte de compétitivité, jeudi, Jean-Marc Ayrault a tenu pour sa part à soutenir "ceux qui prennent des risques". Un vocable d’ordinaire entendu dans les rangs libéraux. L’entourage du Premier ministre souhaite développer "une culture du risque" et estime que l’école devrait promouvoir davantage l’innovation. Matignon a confirmé ce jour-là la suppression de la publication obligatoire des comptes pour les très petites entreprises.
Un autre rendez-vous à la fin du mois
La veille, le président de la République avait lui aussi pris ses distances avec la doxa économique du PS. Lors d’un colloque de l’OCDE, François Hollande a fustigé l’idée "qu’en laissant filer les déficits, nous pourrions faire du keynésianisme à bon compte". Et d’ajouter : "Si c’était prouvé que, quand on a ce niveau de dette, plus de déficit fait plus de croissance, cela se saurait". Une fin de non-recevoir à ceux qui réclament, à gauche, la fin de la rigueur.
Le gouvernement a un autre rendez-vous avec les patrons fin avril. Il organise des Assises de l’entreprenariat. Cet événement qui fut précédé de nombreuses consultations donnera lieu à deux annonces attendues des milieux d’affaires : la création d’un PEA-PME pour encourager les épargnants à investir dans les petites structures et la mise à plat du nouveau dispositif fiscal sur les plus-values de cession - une façon de solder l’affaire des "Pigeons".
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