Un an après l'élection de François Hollande, 78% des personnes interrogées par l'Ifop souhaitent une équipe gouvernementale qui dépasse les clivages partisans. A cette surprenante révélation trois explications possibles :
· Sur le plan économique, industriel, social, sur la dette ou le commerce extérieur, gauche et droite ont démontré qu’ils ne faisaient pas mieux les uns que les autres alors pourquoi ne pas prendre les meilleurs des deux camps pour tenter de trouver des solutions ?
· Les français sont las de constater qu’à chaque alternance les nouveaux arrivants déploient une grande énergie à défaire ce qu’avaient fait leurs prédécesseurs !..
· Les français ont maintenant bien compris la gravité de la crise, bien qu’aucun responsable politique ne leur ait encore expliqué clairement, alors ils pensent que dans une situation aussi exceptionnelle il faut adopter des solutions exceptionnelles.
En tous cas, une très large majorité de Français (78%) se disent favorables à un gouvernement d'union nationale, selon le sondage Ifop-JDD publié le 28 avril dernier. L'idée a été relancée par l'ancien ministre UMP Benoist Apparu, et relayée par François Fillon. "François Hollande devrait réfléchir à une politique qui soit centrale, pouvant être soutenue par une partie de la droite et une partie de la gauche", a souhaité l'ancien Premier ministre dans Les Échos. La grande coalition était jusqu'ici le leitmotiv du seul François Bayrou (MoDem). Le leader centriste rêve de Matignon. Une petite moitié des Français verraient d'un bon œil sa simple entrée au gouvernement.
L’union nationale rime avec efficacité
Pour eux, union nationale rime avec efficacité pour sortir le pays du marasme, au moment où le nombre de chômeurs dépasse son record en valeur absolue, où l'exécutif connaît un désaveu, où le mariage pour tous a exacerbé l'affrontement droite-gauche au Parlement. "Un gouvernement d'union nationale est souhaitable, il fournirait une base politique solide pour permettre à la France de peser en Europe, de faire des réformes, d'enrayer son déclin", veut croire le politologue Gérard Grunberg. "À l'étranger, les grandes coalitions réunissent au-delà de 50 % de l'électorat, les réformes structurelles sont plus aisées à conduire. Mais cela fonctionne dans les pays où le consensus social est fort", argumente le chercheur Bruno Jérôme, professeur à l'université Paris-II.
Une ouverture inenvisageable
Le moment s'y prête-t-il? La France n'a pas connu de telle expérience probante depuis la Libération. "Il faut des circonstances exceptionnelles. Les différents appels lancés ici ou là se heurtent à cette réalité. On voit mal comment un président élu depuis un an, avec une majorité au Parlement et dans les exécutifs locaux, pourrait ouvrir un gouvernement à la droite. Et quelle personnalité serait capable d'incarner une telle union", souligne le politologue Pascal Perrineau (Cevipof). Bien que les Français soient séduits, le système politique et la culture de notre pays ne s'y prêtent guère. "C'est inenvisageable. Depuis la Révolution, l'adversaire politique est un ennemi, délégitimé. Et le mode de scrutin éloigne de tout compromis", poursuit Grunberg. Alain Juppé, dans « Le Monde », a ainsi tiré un trait sur la chimère de ses collègues UMP : "Qui dit union nationale dit accord sur les grandes orientations. Nous en sommes bien loin."
Même une ouverture au centre paraît hypothétique. "Toutes les manœuvres actuelles au PS contre l'Allemagne, menées par Claude Bartolone, tendent à l'éviter. L'autre problème, c'est que le centre ne pèse pas grand-chose", observe Grunberg. "D'autres solutions peuvent être expérimentées, par exemple un gouvernement de techniciens peut avoir du sens quand les politiques stricto sensu échouent", estime Pascal Perrineau. L'union nationale ne serait pas non plus sans risque pour les partis au gouvernement. Les Français avaient certes apprécié les cohabitations. Or la dernière, entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, s'est conclue en 2002 par l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.
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