Six mois après le début de l'opération Serval, et alors que la paix n'est pas revenue partout, le premier tour de la présidentielle aura lieu dimanche 28 juillet prochain. Une date que la France avait quasiment imposée aux autorités maliennes.
Un patient sortant tout juste de réanimation peut-il courir un 100 mètres? Il y a plus de six mois, le pays était à terre : une armée en lambeaux, sans moyens ni directives, un pouvoir politique soumis aux volontés d'une junte militaire omnipotente, des combattants islamistes qui occupaient la moitié nord du pays. Dimanche 28 juillet, premier tour de l'élection présidentielle… Entre les deux dates, l'opération Serval, le déploiement de casques bleus dans le nord du pays, la mise hors jeu de la junte. Cela suffit-il pour organiser une élection sérieuse, en plein ramadan et au début de la saison des pluies? À la fin du mois dernier, le président de la Commission électorale émettait de sérieux doutes sur sa faisabilité. Cette semaine, c'est le candidat Tiébilé Dramé qui a décidé de se retirer de la course, estimant que les conditions n'étaient pas réunies pour un bon déroulement du scrutin. Pourtant, "tout est fin prêt pour gagner ce pari", a osé jeudi le Premier ministre, Diango Cissoko. "Cette élection, ce n'est pas nous qui la voulons mais les bailleurs de fonds", confiait ainsi un haut cadre de l'Administration il y a dix jours. Ces parrains exigeants, États-Unis et France en tête, souhaitent la mise en place d'institutions légitimes, notamment pour relancer la coopération économique. En mars, François Hollande avait prévenu qu'il se montrerait "intraitable" sur la date du scrutin.
Une élection imparfaite vaut mieux que pas d’élection du tout
À Bamako, chacun se convainc du bien-fondé de l'élection. "Il faut bien aller voter. On ne peut pas rester dans cette situation de gouvernement provisoire qui ne décide de rien", explique un éditorialiste. "Ce sera une élection imparfaite, nous expliquait il y a quelques semaines le ministre des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly. Mais compte tenu du contexte, on ne pourra pas faire mieux. Et cela vaut mieux que pas d'élection du tout."
6,8 millions de cartes d'électeurs biométriques, élaborées selon un recensement effectué en 2009, ont été émises. Reste que près de 353.000 déplacés internes ne sont toujours pas rentrés chez eux et que 175.000 Maliens restent réfugiés dans les pays limitrophes. S'ajoutent les problèmes sécuritaires à Kidal et dans plusieurs localités du Nord. "Plus le processus avance, plus un certain optimisme s'installe", tente pourtant le chef de la délégation de l'Union européenne, Richard Zink.
La France tente de rester discrète
Cinq cents observateurs internationaux devraient être déployés dans le pays, mais a priori aucun observateur de l'UE ne se rendra au Nord-Mali, pourtant terre de fraudes électorales, pour des raisons de sécurité. « Ce sera le rôle de l'armée malienne et de la Minusma [Casques bleus] », explique-t-on du côté de l'opération Serval. « Nous ne serons là qu'en troisième rideau. » Pas question pour la France, déjà taxée de néocolonialisme, d'apparaître comme l'organisateur officieux du scrutin.
Pour l'instant, un nom se détache parmi les 27 candidats : Ibrahim Boubakar Keïta, ancien Premier ministre. Il est le candidat de la France, glisse-t-on à Bamako, même si Paris s'en défend. Seul Soumaïla Cissé, candidat malheureux à l'élection de 2002, semble en mesure de rivaliser avec lui.
Source : leJDD.fr 21-07-2013
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