Surveillée par ses voisins, défiée par les marchés, citée en exemple (le mauvais) dans la campagne électorale française, l'Espagne s’enfonce dans la rigueur. La contagion atteint déjà l'Italie. Bientôt la France?
Le mois d’avril apporte un nouveau lot de hausses des prix. À Madrid, le carnet de 10 tickets de métro a grimpé d’un coup de 29%. « Une publicité expliquait que le tarif devenait identique à celui d’autres grandes capitales européennes comme Paris ou Berlin », s’indigne une usagère madrilène, « mais notre pouvoir d’achat n’est pas celui des Parisiens ou des Berlinois! » À Valence, où l’essence est la plus chère du pays, le super 95 a déjà pris 11% sur le premier trimestre, après avoir doublé depuis le début de la crise.
Electricité et alimentation
Mais c’est surtout la prochaine facture d’électricité que redoutent les Espagnols : +7% depuis le 1er avril, soit +61% depuis 2008. La puissante association des consommateurs espagnols, l’OCU, est sur tous les fronts. Elle s’inquiète aujourd’hui de l’inflation qui frappe le panier de la ménagère ibérique. "La guerre des prix dans les supermarchés, lancée au début de la crise, est terminée. Depuis la fin de l’année dernière, les principaux distributeurs remontent leurs étiquettes", explique un représentant de l’OCU, qui rappelle le relèvement de la TVA de 16 à 18% pour les vêtements, l’alcool ou l’électroménager, et de 7 à 8% pour l’alimentation.
Mariano Rajoy s’attaque aux communautés autonomes
Pour les 4,75 millions de chômeurs, soit près d’un actif sur quatre, mais aussi pour les fonctionnaires, dont le salaire a déjà été baissé l’an dernier de 5%, les sacrifices continuent. Et la résistance s’organise. "La semaine dernière, je suis allé voir le propriétaire de mon garage. Il a accepté de passer mon loyer de 148 à 130 euros par mois. Et puis dans la foulée, j’ai appelé ma caisse d’assurance complémentaire. J’ai obtenu une baisse de 30% de ma cotisation sur 2012", témoigne Agustín Ulied, enseignant dans une école de commerce à Barcelone. L’un de ses amis médecin, contraint de réduire ses horaires dans un dispensaire de la ville, a usé de son temps libre pour remettre à plat ses finances personnelles. Il a renégocié tous ses crédits à la baisse et gagné plus d’argent qu’en assurant ses consultations.
Les Espagnols passent au crible leurs dépenses
Les Espagnols passent à la paille de fer leurs dépenses, comme leur gouvernement le fait depuis des mois pour ses déficits. Dernière cible du plan de crise du nouveau gouvernement Rajoy : les 17 communautés autonomes. Leurs deux compétences majeures – la santé et l’éducation – sont accusées de constituer des foyers de dépenses inconsidérées au regard de la situation du pays. À la clé, 10 milliards d’euros d’économies. "Toutes les mesures d’urgence que nous avions prévues pour 2012 ont été prises en moins d’un trimestre, assure au JDD un représentant du ministère de l’Économie. L’agenda des réformes a été très chargé." Et surtout très lourd pour les Espagnols. Comble de l’amertume, Bruxelles ne semble pas se satisfaire de leurs efforts. Mariano Rajoy met la dernière main au programme de réformes pour 2012-2015. Il ira dans quelques jours le présenter à ses pairs européens. Et tentera de taire les critiques qui montent.
Source : leJDD.fr 16-04-2012
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