L'ex-ministre socialiste Michel Vauzelle (photo) va être envoyé au Mexique comme émissaire du candidat Hollande notamment pour "réparer le climat" créé par l'affaire Florence Cassez, Française de 37 ans qui a été condamnée à soixante ans de prison au Mexique pour des enlèvements. Cette annonce a déclenché, samedi 14 avril, la colère de l'entourage de la prisonnière française. Un début de polémique renforcé par l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy qui a fustigé l'"opportunisme électoral" du candidat socialiste à une semaine du premier tour.
Lors d'un déplacement de campagne en Val-de-Marne, Nicolas Sarkozy a déclaré : "J'espère que l'initiative des socialistes ne portera pas préjudice à Florence, que j'ai au téléphone très régulièrement et qui mérite mieux que d'être utilisée d'une façon aussi basse". Il a aussi dénoncé un manque "d'humanité" du camp rival pour la présidentielle.
Alain Juppé : « pur opportunisme électoral »
Le ministre des affaires étrangères Alain Juppé, lui, s'est dit "scandalisé" par ce voyage et dénonce "une instrumentalisation politique et électorale" de la situation de Florence Cassez a huit jours du premier tour de l'élection présidentielle. "Tout ce passe comme si M. Hollande se voyait déjà à l'Elysée, et M. Vauzelle peut-être au ministère des affaires étrangères", a-t-il indiqué à des journalistes lors d'une visite d'un marché à Bordeaux, la ville dont il est maire.
Même constat du côté de l'équipe de campagne du président-candidat. Avec cette décision prise "dans l'unique objectif de critiquer les initiatives du président de la République pour obtenir la libération de Florence Cassez, François Hollande ne démontre pas seulement son ignorance totale des dossiers internationaux. Il prouve aussi sa capacité à fouler au pied le combat d'une famille et le respect de nos valeurs par pur opportunisme électoral", a dénoncé dans un communiqué Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy. Elle estime que sur ce sujet, sur lequel le chef de l'Etat s'est beaucoup déployé, son rival PS "rompt un consensus national" et "prend le risque de mettre à mal cinq ans d'efforts diplomatiques intenses qui ont commencé à porter leurs fruits".
Avocat de Florence Cassez : « on prend le risque de sacrifier la prisonnière »
En confirmant la mission confiée à M. Vauzelle, le directeur de campagne de M. Hollande, Pierre Moscovici, s'était défendu des accusations de coup "électoraliste" qui ont fusé de la part de l'entourage de Florence Cassez. Son avocat Me Frank Berton a même accusé M. Hollande de "sacrifier" la prisonnière en envoyant un émissaire "dans une affaire qu'il ne connaît pas".
"Je suis en colère", a déclaré la mère de Florence, Charlotte Cassez, pour qui, "le 21 mars, il y a eu une décision au Mexique extrêmement importante, qui a ouvert une brèche. La France n'a pas à s'en mêler." La première chambre de la Cour suprême du Mexique a en effet rejeté, le 21 mars 2012, une proposition de libération immédiate de Florence Cassez, mais elle a nommé un nouveau rapporteur sur ce dossier.
« Ne pas s’immiscer dans cette affaire »
L'équipe de campagne de François Hollande s'est empressée de démentir toute tentative d'intervention dans cette affaire. "Le déplacement de Michel Vauzelle au Mexique s'inscrit dans le seul cadre d'échanges préparatoires au sommet du G20 qui se déroulera en juin prochain dans ce pays", affirme un communiqué signé de Frédéric Cuvillier, député PS du Pas-de-Calais et co-président du comité parlementaire de soutien à Florence Cassez. Le candidat PS à l'Elysée "François Hollande, qui soutient Florence Cassez et son combat, a toujours affirmé son respect et sa confiance dans les institutions mexicaines et sa justice indépendante", a-t-il ajouté, "aucune initiative parallèle, directe ou indirecte, politique ou diplomatique n'a été engagée".
Source : LeMonde.fr 14-04-2012
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