Dans un rapport sévère, rendu public mercredi 22 mai, la Cour des comptes assure qu'il ne sert à rien de supprimer ou de créer des milliers de postes d'enseignants. Il faut plutôt "redéfinir le métier d'enseignant", martèlent les auteurs du document.
Même s'il était attendu à cette date, la publication mercredi 22 mai du rapport de la Cour des comptes sur l'Education nationale tombe mal pour Vincent Peillon. Le ministre vient en effet de signer un protocole avec les organisations syndicales sur la revalorisation des salaires des enseignants. Par ailleurs, il se prépare à des débats houleux au Sénat, où est débattue sa loi sur la refondation de l'école. Ce texte prévoit notamment les fameuses 60.000 créations de poste dans l'Education sur cinq ans. Promesse de campagne de François Hollande, cette mesure est longuement critiquée dans le document de la Cour des comptes.
Les Sages de la rue Cambon ne visent pas seulement les socialistes mais l'ensemble des politiques d'embauche dans l'Education nationale menées par les gouvernements de droite comme de gauche depuis dix ans. "Le problème n'est pas celui du nombre d'enseignants ou d'une insuffisance des moyens" : la suppression de 80.000 postes sous le précédent quinquennat ou la création de 60.000 postes en cinq ans "sont vaines si elles se font à règles de gestion inchangées", juge la Cour dans le rapport intitulé « Gérer les enseignants autrement ».
Une "réforme d'ensemble en quatre axes"
Plus généralement, les experts constatent que "l'utilisation des moyens existants pose problème". "La gestion des enseignants se caractérise en effet depuis de nombreuses années par de multiples dysfonctionnements", est-il encore écrit. Une fois la critique justifiée, la Cour des comptes présente une série de recommandations autour de "quatre axes". D'abord, il faut "redéfinir" le métier d'enseignant, car aujourd'hui seules les heures de cours, devant les élèves, figurent dans les "obligations de service".
La Cour préconise aussi de "mieux valoriser" les enseignants. Selon l'Insee, sur les traitements perçus en 2009, "la rémunération nette annuelle des enseignants est inférieure de 35% à celle d'un cadre non enseignant de la fonction publique". Un conseil qui, cette fois, va dans le sens de l'accord que vient de signer Vincent Peillon avec les syndicats.
"La Cour des comptes ne peut ignorer la réalité"
Les Sages de la rue Cambon recommandent également d'"affecter les enseignants en fonction de la réalité des postes et des projets d'établissements" et d'instituer dès la formation initiale la possibilité d'enseigner deux ou plusieurs disciplines au collège. Enfin, les Sages de la rue Cambon suggèrent, dans les académies, la mise en place d'une "gestion de proximité des ressources humaines, communes au premier et au second degré". Il y a 837.000 enseignants, pour 12 millions d'élèves.
Il s'agit donc d'une "réforme d'ensemble", afin de surmonter la double crise des vocations et de la baisse des résultats des élèves. La France est en effet au 18e rang sur 34 pays membres de l'OCDE pour la performance de ses élèves. L'impact de l'origine sociale des élèves sur leurs résultats est deux fois plus important en France que dans les pays qui réussissent le mieux. Interrogé par l'AFP, le cabinet de Vincent Peillon n'a pas commenté les mesures mais a seulement rappelé "la dégradation des moyens donnés ces dix dernières années à l'école". "Réalité" que "la Cour des comptes ne peut ignorer", selon le ministère de l'Education qui justifie ainsi le besoin de postes supplémentaires.
Source : leJDD.fr 22 mai 2013
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)