D'abord appelé "New deal pour l'Europe", une appellation qui a sans doute été jugée trop pompeuse, l’opération s’est transformée en « initiative européenne pour la croissance et pour l’emploi » Il s’agit d’une contribution franco-allemande centrée sur la lutte contre le chômage des jeunes. Elle sera présentée au prochain sommet européen, fin juin. François Hollande et Angela Merkel, en visite à Paris, se sont mis d'accord sur les détails de ce texte commun. Il ya une volonté d’agir ensemble, au moins dans la méthode. Sur le fond les différences et même les divergences persistent car ni l’un ni l’autre des deux partenaires n’a très envie de les aborder.
Une première contribution commune
La chancelière allemande Angela Merkel a adopté jeudi 30 mai à Paris une contribution franco-allemande en vue du sommet européen de la fin juin, alors même que les nouveaux chiffres du chômage français ont atteint un record. Ce document, d'abord appelé "New deal pour l'Europe" avant d'être rebaptisé "initiative européenne pour la croissance et pour l'emploi", insiste sur la lutte contre le chômage des jeunes, même si d'autres propositions concernent l'énergie, la fiscalité et la compétitivité. Leur texte commun, le premier depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, s'appuie en grande partie sur le "rapport Beffa-Cromme" rendu aux deux dirigeants jeudi.
L'emploi des jeunes, une cause européenne
Le chômage des jeunes frappe plus de la moitié d'entre eux en Espagne ou en Grèce et près d'un quart en France. "Au niveau européen, on a certes un taux de chômage des jeunes qui est globalement le double du taux standard. Mais chaque pays a ses caractéristiques", note toutefois Céline Antonin, économiste à l'OFCE. "En Allemagne, les jeunes peuvent rentrer plus tôt sur le marché du travail grâce à un système d'apprentissage plus précoce", explique ainsi la chercheuse. Pour cette raison, il n'y a pas de réelle politique commune contre le chômage des jeunes, même si les parlementaires européens réfléchissent à un plan à l'échelle continentale depuis l'automne dernier.
Les leviers que veulent actionner Paris et Berlin
Le plan franco-allemand s'articule autour de trois mesures : l'accès au crédit pour les PME, le développement de l'alternance et la mobilité géographique. "Ce sont dans les PME et les PMI que se créent le plus d'emplois pour les jeunes, c'est elles qu'il faut soutenir", a fait valoir le ministre du Travail Michel Sapin mardi, lors d'un colloque sur le sujet à Paris. Le problème de cet accès au crédit tient au financement limité de la mesure. Interrogé par leJDD.fr, Alain Lamassoure, président de la commission des Budgets du Parlement européen, rappelle que "seuls six milliards d'euros ont été prévus en faveur de l'emploi des jeunes pour la période 2014-2020". "Cela fait entre 150 et 200 millions d'euros par an pour la France. C'est bon à prendre, mais ça reste cosmétique", regrette cet eurodéputé UMP. Et il est très aimable le député européen car on pourrait dire franchement que pour tenter de résoudre, au moins en partie, un tel problème, le budget engagé est parfaitement ridicule et discrédite totalement l’opération !...
Un "Erasmus de l'alternance" qui existe déjà?
Autre mesure évoquée, l'idée d'un "Erasmus de l'alternance" comme il en existe pour les étudiants. "Là encore, les fonds existent, mobilisons-les", a plaidé François Hollande. Réponse d'Alain Lamassoure : "Ça existe depuis 20 ans et ça s'appelle le programme Leonardo. Même si je reconnais qu'il n'est pas toujours bien connu des jeunes en recherche d'un contrat d'apprentissage." Et d'ajouter : "Tout existe en fait, il suffit juste de mettre un peu plus d'argent." De plus, comme l'explique Céline Antonin de l'OFCE, "un système Erasmus, qui permet de travailler dans un pays européen, n'implique pas forcément un emploi lors du retour dans son pays." Pour l'économiste, "la vraie et la seule solution, c'est le regain de croissance".
Une communication paradoxale
"A chaque sommet européen, il y a une part de communication non négligeable et ce new deal semble en faire partie", estime Céline Antonin. Angela Merkel est en campagne, en vue d'élections à l'automne, et cherche à se montrer volontaire dans la lutte contre le chômage des jeunes. François Hollande, lui, doit faire face à l'annonce de chiffres du chômage en hausse. Reste que l'économiste de l'OFCE est "très sceptique sur les mesures conjointes à venir, car les visions de Paris, Berlin ou Bruxelles sont différentes". "C'est de la pure communication", lâche pour sa part Alain Lamassoure, ajoutant : "Un vrai 'New deal' supposerait des dizaines ou des centaines de milliards d'euros pour changer les choses."
On peut malheureusement craindre qu’il ait raison….
Source : leJDD.fr 30-05-2013
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