Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a accusé dimanche 23 juin dernier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, d'être "le carburant du Front national", après ses propos qualifiant la position française sur l'exception culturelle. Les réactions n'ont pas tardé.
"Monsieur Barroso est le carburant du Front national. Voilà la vérité". C’est la phrase choc prononcée dimanche 23 juin par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sur France Inter. "Je crois que la principale cause de la montée du Front national est liée à la façon dont l'UE exerce aujourd'hui une pression considérable sur des gouvernements démocratiquement élus", a-t-il ajouté, revenant sur les propos du président de la Commission européenne, qui a récemment qualifié la France de "réactionnaire" sur le dossier de l'exception culturelle.
"Vous avez le président de la Commission européenne qui dit ‘tous ceux qui sont anti-mondialisation, c'est des réactionnaires’, c'est-à-dire (ce sont) des gens qui aujourd'hui ont institutionnalisé l'Union européenne comme anti-peuples européens", a poursuivi Arnaud Montebourg. Selon lui, "finalement, l'Union européenne ne bouge pas, elle est immobile, paralytique. Elle ne répond à aucune des aspirations populaires (en Europe), sur le terrain industriel, sur le terrain économique, sur le terrain budgétaire, et finalement, ça donne raison à tous les partis souverainistes, j'allais dire anti-européens, de l'UE".
"Le plus improductif" des ministres" pour Juppé
La droite a rapidement condamné la sortie du ministre. Jean-François Copé, président de l'UMP, a ainsi vu lundi 24 juin dans les critiques d'Arnaud Montebourg contre José Manuel Barroso, une illustration de "l'incohérence" du gouvernement qui explique son "échec". "Ils sont en contradiction permanente, c'est le grand écart, on va chercher tout le monde à la fois", a accusé le responsable d'opposition sur Europe 1. "On fait dans le populisme de gauche, puis ensuite on fait un petit bout de hausses d'impôts...", a-t-il expliqué.
Alain Juppé, ancien Premier ministre UMP, a quant à lui affirmé dimanche sur BFMTV qu'Arnaud Montebourg était "le plus improductif" des ministres. "C'est lui qui est en grande partie responsable de la panne de tous les moteurs de la croissance aujourd'hui", en raison de ses critiques envers les grands chefs d'entreprises (Mittal, PSA...), a déclaré Alain Juppé. Le maire de Bordeaux a également affirmé que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, était "totalement archaïque", avec "une vision du monde qui doit dater des années 58".
Le Commissaire européen Michel Barnier s'en est aussi pris à Arnaud Montebourg lundi 24 juin en lui demandant d'arrêter de se "défausser" sur l'Europe pour justifier la montée du FN. "Ce que dit ce ministre, monsieur Montebourg, c'est à la fois faux et absurde", a fustigé sur France 2 l'ancien ministre de l'Agriculture. "Il y a deux leçons à tirer de cette législative partielle : c'est (d'abord) le comportement du député précédent qui a provoqué l'élection, ça personne ne doit l'oublier", a expliqué Michel Barnier.
Duflot critique la "ligne libérale" de Barroso
Les membres du gouvernement, eux, ont préféré mettre en cause le fonctionnement de l’UE plutôt que de désavouer Arnaud Montebourg. "Il faut faire attention aux termes quand on parle de quelqu’un qui est en fonction", a néanmoins tenu à rappeler le ministre du Travail Michel Sapin sur BFMTV. "Lorsque la Commission dit à la France qu’il faut réduire le déficit, elle a raison. Mais quand la Commission écrit noir sur blanc des mesures précises à prendre, elle a tort. C’est à la France de le faire", a précisé en outre le ministre.
La ministre du Logement, Cécile Duflot, a elle qualifié lundi sur France inter l'Union européenne de "gendarme qui regarde de haut les pays". "Je pense qu'il faut faire en sorte de réorienter l'Europe. Il faut redonner à l'Europe un vrai projet qui soit un projet collectif", a-t-elle plaidé. Tout en refusant de mettre sur le dos de l'Europe les difficultés économiques de la France, Cécile Duflot a rappelé que son parti avait toujours considéré que José Manuel Barroso représentait une "ligne libérale, extrêmement autoritaire et un peu méprisante", qui est "néfaste" pour l'Union.
Source : leJDD.fr 24-06-2013
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