En général il ne pratique pas souvent la langue de bois, surtout lorsqu’il s’agit de parler de son camp. Mais cette fois-ci, on sent de l’exaspération chez le député européen. "Notre image est devenue détestable." Daniel Cohn-Bendit livre dans un entretien vendredi 22 juin au quotidien « Libération » un réquisitoire très dur contre Europe Ecologie-Les Verts, et contre la "chef de clan" Cécile Duflot, tout en menaçant de quitter EELV.
Daniel Cohn-Bendit n'a pas l'habitude de mâcher ses mots. La langue de bois, le député européen ne connaît pas. Il en a fourni une nouvelle illustration dans un entretien paru vendredi 22 juin dans « Libération ». L'écologiste s'en prend avec force à Europe Ecologie-Les Verts, et surtout à celle qui en est toujours la patronne jusqu'à samedi, Cécile Duflot.
Les verts et la « chasse aux portefeuilles »
"On existe à l'Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d'une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable. Nous avons échoué là où on voulait redonner espoir en faisant de la politique autrement. Aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme", assène "Dany" dans cet entretien. Invité à donner un exemple pour justifier ses critiques, Daniel Cohn-Bendit estime que "le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels, y compris chez mes propres amis". Le mea culpa de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé, quelques jours avant l'annonce du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault, pour "l'image de chasse aux portefeuilles" qu'ils avaient donnée, ne l'a pas convaincu. Et il n'en a pas fini avec Cécile Duflot.
Des "prochaines élections très difficiles"
"Quand on (la) voit par exemple, dans un documentaire, brandir son stylo en jurant qu'elle ne signera jamais un accord avec le PS sans la sortie du nucléaire, et qu'évidemment on le signe quand même car c'est un bon accord, cela est dévastateur", attaque-t-il ainsi la ministre du Logement. Et ce n'est pas fini. "Chef de clan, elle impose l'intérêt de ses pairs comme l'intérêt commun", poursuit-il, avant de lui reconnaître une qualité, "une capacité hors du commun à s'imposer dans l'organisation", et de lui délivrer un satisfécit pour sa défense de la dépénalisation du cannabis.
Comment imagine-t-il son avenir dans un parti qu'il critique avec tant de virulence? Daniel Cohn-Bendit se dit un "militant en sursis". Et laisse planer le doute quant à ses intentions futures au sein d'EELV. "Les nombrilismes nationaux, et donc aussi français, m'ennuient profondément. Si ce parti continue avec cette structure pyramidale autoritaire, ce sera sans moi", menace-t-il, avant de prophétiser des "prochaines élections très difficiles" pour EELV s'il n'y a pas "de débat interne" et de "remise en question" des "pratiques".
Source : leJDD.fr 22-06-2012
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