Les chefs d’Etat européens se retrouvent, une fois encore mercredi 23 mai à Bruxelles pour un sommet informel consacré à la croissance et à la crise grecque. Angela Merkel et François Hollande devraient à cette occasion exprimer certaines divergences de vues, notamment sur la renégociation du pacte budgétaire et les eurobonds. Car s’ils ont montré aux Etats-Unis une entente « presque parfaite », les désaccords subsistent sur des questions de fond.
Deux accords principaux
1 - Le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Lors de leur première rencontre à Berlin, la chancelière Merkel et le président Hollande se sont déclarés d’accord pour que la Grèce "reste dans la zone euro". Ceci malgré les rumeurs qui avaient couru disant que la Chancelière souhaitait que les grecs se prononcent par referendum..Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand a lui également jugé qu'il "fallait tout faire pour garder la Grèce dans l'union" monétaire lors d’une conférence de presse lundi 21 mai dernier avec Pierre Moscovici, nouveau ministre des Finances. "Nous considérons ensemble que la Grèce a sa place dans la zone euro", mais Athènes doit "tenir ses engagements", a ajouté le ministre français, qui avait choisi la capitale allemande pour son premier voyage à l'étranger.
"C’est un choix de raison pour les deux pays. Dans le contexte d’une économie très volatile, les incertitudes liées à la sortie de la Grèce de l’euro incitent à une grande prudence" analyse Vincent Chauvet, économiste, membre du Club Jade, think tank européen.
2- Des mesures de croissance.
Certaines propositions de François Hollande pour stimuler la croissance ont déjà été approuvées sur le principe, soit au niveau européen, soit à Berlin. Deux d’entre elles figurent ainsi dans le projet de pacte de croissance européen présenté vendredi 11 mai par le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle : le déblocage de près de 80 milliards d'euros de fonds structurels européens et une montée en puissance de la Banque européenne d'investissement (BEI), notamment pour faciliter l'accès des PME au financement.
La mise en place de "project bonds", des obligations européennes liées à des grands projets d'infrastructure, avec le déblocage de 230 millions d'euros de fonds pour obtenir un effet de levier et entraîner des financements privés, pourrait être décidée lors du sommet informel européen de mercredi. "Il faut que l’Europe trouve des projets rentables sur 10 ou 20 ans. Les dirigeants européens pourraient par exemple miser sur le photovoltaïque, un secteur d’avenir en mauvaise passe récemment en Europe avec les difficultés des Allemands Q-Cells, Solarhybrid, Solon, et des Français Evasol et Photowatt", explique Vincent Chauvet.
Des désaccords importants
1 - Crise de la zone euro et pacte budgétaire.
François Hollande et Angela Merkel incarnent les deux courants qui s'affrontent actuellement en Europe sur la solution à apporter à la crise de la dette. La chancelière juge que le meilleur moyen de sortir de cette crise est de diminuer le poids de la dette et se montre opposée à la moindre mesure qui pourrait entraîner une hausse des déficits.
Voulu par Angela Merkel, le Pacte budgétaire prône la discipline budgétaire et un contrôle plus étroit des finances publiques via l'introduction dans les pays membres de "règles d'or". "La France et l’Allemagne vont s’en sortir par une solution classique lorsque l’UE est confrontée à un problème de ratification : l’ajout d’un mémorandum. Ainsi, personne ne perd la face, mais la divergence philosophique entre les deux dirigeants sur la façon d’obtenir la croissance demeurera" explique Vincent Chauvet.
2 - Obligations européennes (les eurobonds).
Angela Merkel est totalement opposée à cette idée, qui consisterait à mutualiser la dette des pays de la zone euro et ainsi à partager les risques. Selon elle, cela conduirait l'Allemagne, déjà principal contributeur aux plans d'aides européen en raison de la taille de son économie, à dépenser davantage pour ses voisins tandis que les pays fortement endettés seraient incités à relâcher leurs efforts pour réduire leur déficit.
François Hollande pense au contraire que cela pourrait au moins être une partie de la solution à la crise. "Il ne faut pas négliger l’explication juridique des réticences allemandes" juge Vincent Chauvet. "La cour constitutionnelle allemande pourrait refuser les eurobonds au nom de la souveraineté du parlement allemand". En septembre dernier, cette dernière avait jugé contraire à la loi fondamentale allemande toute mutualisation de la dette au sein de la zone euro.
3 - Le rôle de la BCE.
Enfin, Angela Merkel est hostile à une évolution des statuts de la BCE. Sur ce point, le président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, a sévèrement rappelé à l'ordre les Français. "Une modification des statuts [de la BCE] serait dangereuse", a-t-il prévenu, en référence aux propositions de François Hollande de laisser l'institution prendre des mesures de soutien à l'économie ou prêter directement aux Etats.
"Les Allemands ont déjà fait beaucoup de concessions sur le rôle de la BCE" interprête Vincent Chauvet. "La BCE interprète son rôle de manière très large. C’est devenu une institution très politique, ce qui n’a pas manqué de créer certains remous. Rappelons-nous des démissions de Jürgen Stark, le chef économiste de la Banque centrale européenne et d’Axel Weber président de la Bundesbank, qui critiquaient le rachat par la BCE des obligations émises par les pays de la périphérie de la zone euro".
Source : leJDD.fr 23-05-2012
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