La tension entre la Turquie et la Syrie est à son comble. Le Parlement turc a adopté jeudi 4 octobre une motion autorisant l'armée à conduire "si nécessaire" des opérations en Syrie, au lendemain du grave incident de frontière qui a coûté la vie à cinq civils turcs et provoqué une riposte d'Ankara, ont rapporté les médias. Le vice-Premier ministre turc a cependant précisé que la Turquie n'envisageait pas de faire la guerre à la Syrie.
Le texte a été voté par 320 députés contre 129 (sur 550 sièges) à l'Assemblée nationale, qui s'était réunie en session spéciale à huis clos, selon les chaînes de télévision turques.
De son côté, l'Otan n'a pas tardé à exprimer sa solidarité avec la Turquie, l'un de ses 28 pays membres. Quelques heures seulement après la mort des civils turcs tués par les obus tirés de Syrie, elle s'est réunie en urgence mercredi 3 octobre au soir à Bruxelles pour "condamner avec force" cet "acte agressif" et "exhorter le régime syrien à mettre fin à ses violations flagrantes du droit international".
"Pour la première fois, des civils ont été tués"
Un message plus fort que celui que l'Otan avait envoyé le 26 juin lorsqu'un avion de combat turc avait été abattu par la défense anti-aérienne syrienne. "Cette fois-ci, des civils ont été tués pour la première fois à l'intérieur du territoire turc. Il fallait donc envoyer un signal fort de solidarité", a expliqué un diplomate.
Sur le terrain, l'armée turque continuait de bombarder jeudi matin des positions de l'armée syrienne à la frontière entre les deux pays, en représailles à des tirs d'obus syriens qui ont aussi tué "plusieurs soldats syriens" selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Cette attaque a fait l'objet d'une riposte immédiate de nos forces armées (...) qui ont bombardé le long de la frontière des cibles identifiées par radar", avait expliqué mercredi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué.
Réunion d'urgence à l'Otan mercredi 3 octobre au soir
Qualifiant l'incident "d'acte d'agression de la Syrie contre la Turquie", Ankara a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies et obtenu une réunion d'urgence du Conseil de l'Otan à Bruxelles. Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU devraient publier à la suite de cette réunion une déclaration condamnant vigoureusement les tirs d'obus syriens contre le territoire turc auxquels Ankara a riposté par des bombardements en Syrie.
Initialement, la déclaration devait être entérinée mercredi soir. Mais à la dernière minute, la Russie, fidèle alliée du régime syrien, a demandé à ce que le délai soit reporté à jeudi 16 heures (heure française) afin que la mission russe à l'ONU puisse consulter Moscou, a expliqué un diplomate.
Condamnation de la France
Plus tôt dans la journée du mercredi 3 octobre, la France a "fermement" condamné les tirs syriens contre le territoire turc et affirmé sa "solidarité" et son "plein soutien" à son allié turc, a indiqué le ministère des Affaires étrangères. "La Turquie est notre alliée", a rappelé Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d'Orsay, précisant que le ministre Laurent Fabius s'était entretenu avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu. "Il lui a exprimé nos condoléances, notre solidarité et notre plein soutien", a-t-il ajouté dans sa déclaration.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui demandé au gouvernement syrien de "respecter totalement l'intégrité territoriale de ses voisins". Selon Ban Ki-moon, cité par son porte-parole, cet incident "démontre que le conflit en Syrie (...) a de plus en plus un impact négatif sur les voisins" de Damas.
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