Nous l’évoquions ici même il y a quelques jours : si l’affaire de Florange capotait, et en particulier sur les annonces faites en grande pompe par Arnaud Montebourg, le Ministre du Redressement Productif, aurait bien des soucis à se faire. Car tout était réuni pour faire des hauts-fourneaux de Florange l'emblème de la mission de Redressement productif d'Arnaud Montebourg, mais le ministre, lâché par Matignon qui n'a pas retenu son plan de nationalisation, se retrouve isolé au sein du gouvernement. Pire : il a été désavoué publiquement par Jean-Marc Ayrault qui a estimé que le repreneur annoncé par Montebourg n’était pas « crédible » !..
"S'il perd la bataille de Florange, il va être réduit au ministre qui va jeter quelques bouées de secours", estimait récemment un des proches d’Arnaud Montebourg, le député socialiste de l'Essonne Malek Boutih. Car Florange concentrait l'essence du Redressement productif, une industrie historique à la splendeur fanée (la sidérurgie et les hauts-fourneaux), un bassin d'emploi sinistré et une incarnation du capitalisme transnational dont le ministre dénonce les méfaits : ArcelorMittal.
Pas de nationalisation, même temporaire
Arnaud Montebourg a perdu. Florange ne sera pas nationalisé pour être revendu ensuite. ArcelorMittal a négocié avec Matignon d'investir dans le site mosellan, de ne pas trop réduire l'emploi et de maintenir fonctionnels les hauts-fourneaux. Indiscutablement ironique, un responsable gouvernemental lançait en ricanant : "C'est un immense triomphe pour Arnaud Montebourg", rapporte l’AFP.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a néanmoins tenu à saluer samedi 1er décembre l'action du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, "qui n'a pas ménagé sa peine" pour tenter de trouver une solution pour le site sidérurgique de Florange, "comme il le fait sur de nombreux dossiers".
Un repreneur pas "crédible"
Quelques heures avant cet épilogue, Arnaud Montebourg disait encore que la nationalisation, idée à laquelle s'étaient ralliés de nombreux responsables politiques de tous bords, n'était "pas un faux espoir" mais une "solution qui est sérieuse, crédible, durable". L'action qu'il a menée depuis des semaines pour trouver un repreneur industriel auquel revendre Florange a été balayée sans trop de ménagement par Matignon.
Selon une source proche de la rue de Varenne, Jean-Marc Ayrault a estimé que le repreneur annoncé par Montebourg n'était pas "crédible".
Mais, "le rôle de Montebourg, c'est de faire du bruit utile pour les négociations", analyse Eddy Fougier, chercheur associé au CNRS spécialiste de la gauche. Une idée partagée par un membre du gouvernement, cité par l’AFP, pour qui "Montebourg voulait vraiment nationaliser. Mais pas les autres. On s'en est servi comme arme dans la négociation".
Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a quant à lui jugé samedi avoir trouvé un "bon accord" avec le gouvernement français sur l'avenir du site de Florange, en confirmant la plupart des annonces du gouvernement, mais en restant silencieux sur le futur des hauts-fourneaux proprement dits.
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