Un coin de verdure en plein cœur de Paris. Depuis dimanche 23 mai au matin et jusqu'à lundi, les Champs-Elysées sont transformés en jardin géant de trois hectares. Un happening qui s'inscrit dans le cadre "Nature Capitale" et qui vise à sensibiliser l'opinion sur la nécessaire préservation de la biodiversité.
C'est un ballet savamment orchestré. Des camions chargés de blé, de colza ou de lupin, ont à peine débarqué en bas des Champs-Elysées que les chariots élévateurs entrent déjà en action pour sortir les palettes de plantes. Samedi, à 20h30, la "nuit de la grande métamorphose" vient à peine de débuter. Objectif: transformer la plus belle avenue du monde en jardin extraordinaire. Vingt ans après avoir planté du blé sur les Champs pour la Grande Moisson, le créateur d’arts de la rue Gad Weil réalise, avec la paysagiste Laurence Médioni, un nouveau "happening épique et jubilatoire" baptisé "Nature Capitale".
Pendant deux jours, lavandes, cannes à sucre, vignes, houblon... vont s’épanouir sur le bitume. Le jardin - en fait un puzzle géant de 8.000 parcelles - a fini d’être assemblé dimanche matin. Pour cette gigantesque opération, pas moins de 200 camions et 100 chariots élévateurs ont été utilisés un millier de personnes mobilisées. Chauffeurs de mini-remorques, caristes, bénévoles des Jeunes agriculteurs (partenaires de l’opération), pépiniéristes… tout le monde s’est activé pour installer betterave, bananiers, pommiers, saules ou tabac...
Au final, 150 espèces végétales ont essaimé sur la chaussée. Quatre forêts, avec quelque 172.000 arbres ou jeunes plants, agrémentent cette coulée verte d’un kilomètre de long. "Ce jardin extraordinaire va raconter tous les paysages de l’Hexagone. Chacun va y retrouver un petit bout de sa France, y compris les Dom-Tom", se réjouit Gad Weil. La promenade débute en haut de l ’avenue, avec de grands arbres de montagne. Elle finit en bas, au rondpoint, par un champ de blé, un clind’oeil à la Grande Moisson. Entre les deux, une balade parmi les cultures maraîchères, potagères et les champs céréaliers. Un clin d’oeil à l’ostréiculture. Et des massifs semés de pancartes poétiques.
Un million et demi de personnes
Il s’agit de créer un grand moment de joie, de plaisirs partagés Ce jardin se veut un symbole de la biodiversité, célébrée samedi par une Journée mondiale. "Dans cette société, si morose, si anxiogène, il s’agit de créer un grand moment de joie, de plaisirs partagés. Et, en même temps, de tisser du lien social entre la population et les acteurs de la terre", explique Gad Weil. Côté faune, quelques vaches, brebis et chèvres s’ébattront dans des enclos. Et des animations sont prévues: un stand d’apiculture, un marché du terroir, un espace pédagogique avec les partenaires de l’opération. Le conseil régional d’Aquitaine expose ainsi des tonnes de bois tombées pendant la tempête Klaus.
La balade, dont l’accès est gratuit, devrait attirer un million et demi de flâneurs. Et certains repartiront avec un petit bout des Champs métamorphosés. Car l’événement (4,2 millions d’euros de budget) est financé par des entreprises partenaires et des "essaimeurs", sociétés ou particuliers, qui achètent des fragments du jardin. Les visiteurs auront donc la possibilité d’acquérir, au choix, un jeune plant d’arbre (10 euros), une jardinière (95 euros) ou… une parcelle de 1 m sur 1,2 m, plantée de l’essence de ses rêves : houblon, fraises et tomates, lin, olivier, ananas… (300 kg, 490 euros!) "Bonne nouvelle: si les gens les achètent pour les offrir à une collectivité, une maison de retraite ou l’école de leur enfant, ils pourront déduire 66% de leur achat de leurs impôts (pour les particuliers) ou 60% (pour les entreprises), au titre du mécénat culturel et éducatif", assure Gad Weil.
Pour l’instant, seules 300 parcelles ont été acquises sur les 7.500 proposées à la vente. Guerlain a, par exemple, choisi de financer une "prairie olfactive" de 200 m2, avec des essences que l’on retrouve dans ses parfums: rose, jasmin, rhubarbe, fougère… Les organisateurs doivent vendre 2.000 parcelles pour rentrer dans leurs frais. Ils espèrent y arriver… d’autant qu’ils ont un rêve: exporter leur concept de jardin extraordinaire à New York.
Source : lejdd.fr 23-05-2010
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