Je n’ai pas une très grande confiance dans les hommes politiques. Sans doute parce que j’en ai côtoyé de près pendant quelques années et qu’ils n’ont rien fait pour me rassurer sur la fiabilité de leurs engagements !.. Mais je dois avouer, même si aujourd’hui il n’est pas très politiquement correct de le dire, je croyais en Eric Woerth. Comme Ministre du Budget il m’avait semblé être à la fois compétent, sérieux, pugnace. Il prenait les problèmes bien en main, même et surtout lorsqu’ils étaient difficiles, il parlait « vrai » et n’avait pas peur de remettre en question les idées les plus… Bref, lorsque Nicolas Sarkozy l’a nommé au Ministère du travail avec pour mission de réformer les retraites, j’avais trouvé que c’était plutôt une bonne idée.
Certes la « concertation » qu’ils nous avaient tous deux promise n’a pas été tout à fait ce qu’elle aurait du être. Certes la réforme « juste » et « équitable » pour laquelle la contribution de tous serait demandée n’a pas été aussi « juste » ni aussi « équitable » que l’on aurait pu l’espérer. Mais tout n’est pas encore joué et, si les syndicats acceptent la discussion, si les parlementaires acceptent de réfléchir sans passions ni rancunes au fond du problème, il y a encore des possibilités de négociations et d’amendements.
Eric Woerth avait donc fait, depuis son entrée au gouvernement, un parcours plutôt remarqué et l’on parlait même de lui pour remplacer, un jour ou l’autre, François Fillon à Matignon.
Que s’est-il donc passé pendant ces huit ou dix derniers jours pendant lesquels M. Woerth est passé de l’état de Ministre inflexible, certes, mais compétent, à l’état de personnage sombre, magouilleur, impliqué dans des affaires douteuses de fraudes fiscales, compromis avec la famille détentrice de la plus grosse fortune de France ? Que s’est-il donc passé pour que subitement on s’aperçoive que l’ancien Ministre du Budget était également depuis fort longtemps trésorier du parti majoritaire l’UMP et qu’à ce titre évidemment il encaissait des chèques de donateurs. Que s’est-il passé enfin pour que l’on en arrive à publier dans la presse que Mme Béthencourt, puisqu’il faut bien la nommer, ait, elle-même libellé des chèques à l’ordre d’une association présidée par Eric Woerth.
Qu’est-ce que tout ce déballage médiatique ? Est-ce une cabale contre un Ministre qui a en charge l’une des plus importantes réformes du moment ? Qu’apporte ceux qui accusent à tout va comme preuves de leurs accusations ? Pour l’instant rien ou presque rien. On se base sur des rumeurs, des enregistrements obtenus frauduleusement, des on dit..Chaque jour apporte son lot de ragots et de surenchères. Le ton monte entre les défenseurs et les adversaires du Ministre incriminé.
Notre pays et notre démocratie, bien fragile, n’ont pas à être fiers de ces circonstances. Surtout dans la situation économique, sociale et politique dans laquelle nous sommes…
Mais il faut le dire : Monsieur Woerth s’y prend bien mal. Après avoir juré qu’il n’avait rien a voir avec les activités professionnelles de son épouse, ce qui est fort possible ; après avoir juré quelques jours plus tard qu’il n’avait jamais eu à faire avec la gestion du patrimoine de Madame Bettencourt. Après surtout nous avoir rappelé qu’il était honnête et qu’il avait toujours été le pourfendeur des fraudeurs. Malgré toutes ces dénégations le doute s’installe et on voit venir tout droit un Ministre contraint à la démission même si tout ce qu’il a affirmé pour sa défense est vrai.
Personne n’a de conseils à donner à Monsieur Woerth dans la situation dans laquelle il est aujourd’hui. Mais s’il n’a réellement rien à cacher il aurait du d’emblée accepter la Commission d’Enquête parlementaire réclamée par le Parti Socialiste. Elle aurait permis, très rapidement, de mettre tout sur la table de séparer la vérité des ragots et surtout elle aurait fait cesser les déballages de la presse et de l’opposition qui empêchent aujourd’hui le Ministre, et peut être demain le gouvernement, de travailler.
Ces ministres, dont certains ont largement dépassé les bornes, mais dont la majorité font leur travail avec sérieux et compétences ont tous une très fâcheuse tendance : croire que tout leur est permis et que rien ne pourra leur arriver. Eric Woerth risque de payer pour tous les autres !.. Mais, au final, en ajoutant la cacophonie et les scandales à la crise, ce sont bien les français qui paieront la note !...
Jean Pierre ECHAVIDRE
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