Eric Woerth pourra-t-il, comme prévu, défendre son projet de loi sur les retraites devant les parlementaires la semaine prochaine ? C’est de moins en moins probable tant il est englué, chaque jour un peu plus, dans les « affaires » diverses. D’ailleurs ce sont les deux principaux leaders syndicaux qui ont porté l’estocade : dans un entretien aux Echos de vendredi 3 septembre, Bernard Thibault (CGT) et François Chérèque (CFDT) affirment qu'il y a un "problème Woerth", le ministre du Travail étant, selon eux, "objectivement plus occupé et préoccupé" par ses démêlés judiciaires que par la réforme des retraites.
Jusqu'à maintenant, les syndicats étaient restés plutôt discrets sur l'affaire Bettencourt-Woerth, préférant attaquer le ministre du Travail et sa réforme des retraites sur le fond. Mais vendredi, dans un entretien commun aux Echos , le secrétaire général de la CFDT François Chérèque et son homologue de la CGT Bernard Thibault déclarent que les différentes affaires concernant Eric Woerth polluent trop le débat d'idées. Bernard Thibault estime "qu'Eric Woerth est objectivement plus occupé, et préoccupé, par autre chose que par le sujet qui nous, nous intéresse". Selon lui, le report de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans est éclipsé par l'actualité judiciaire du ministre du Travail.
"Je me pose une question légitime: comment peut-il gérer en même temps ses problèmes personnels avec l'affaire Bettencourt et la réforme des retraites?", s'interroge également François Chérèque. Ce dernier, également interrogé vendredi matin sur Europe1, "pense que [le] problème de monsieur Woerth est en train de masquer le problème de fond." Présent vendredi à l'université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas (Yvelines), le ministre du Travail s'est pourtant dit "mobilisé, disons à 120%". "Je suis évidemment totalement concentré sur le dossier des retraites, je le suis depuis le mois d'avril et il n'y aucune raison que ca change", a-t-il déclaré.
Sarkozy, Copé et Fillon au soutien
Jeudi matin, Eric Woerth saluait pourtant la grande élégance des syndicats concernant ses démêlés avec la police. Mais depuis, le ministre du Travail a finalement reconnu avoir menti. Il a admis être l'auteur d'une lettre, écrite en 2007 et retrouvée par la brigade financière lors de ses perquisitions estivales, dans laquelle il appuyait avec insistance la demande d'attribution de la Légion d'honneur de Patrice de Maistre. Ce courrier avait pour entête le titre d'une association de soutien aux partis politiques. Ce qui laisse penser que le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt aurait été remercié en sa qualité de collecteur de fonds destinés à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Ces rebondissements et l'implication des syndicats dans le dossier ont entraîné de nombreuses réactions politiques vendredi matin. "Les mensonges ou les oublis d'Eric Woerth sont condamnables, et lui ont déjà fait perdre tout crédit", déplore sur son blog le député socialiste de Meurthe-et-Moselle Christian Eckert. Pour Jean-François Copé, le patron des députés UMP, la démission demandée jeudi par le Parti socialiste est impossible. Interrogé vendredi matin sur RMC/BFM TV, il affirme qu'Eric Woerth "est l'homme de la situation sur les retraites". "Nous avons besoin de lui", insiste-t-il encore. Avant lui, François Fillon a renouvelé son soutien à son ministre par voie de communiqué. Le Premier ministre dénonce notamment "une campagne de dénigrement inacceptable". Nicolas Sarkozy a fait de même vendredi matin, lors d'une conférence de presse suivant une table ronde sur l'industrie à Montbard (Côte d'Or).
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)