En plein débat sur la réforme des retraites, la Cour des comptes s’est fendue d’un rapport incitatif visant à entreprendre des mesures économiques plus radicales. L’institution s’inquiète et met en doute la souveraineté du pays à moyen terme.
Le gouvernement avait déjà fort à faire avec les contestations de sa gestion de la crise, et voilà que la Cour des comptes sonne l’alarme sur la situation financière de l’Etat.
C’est un florilège de reproches qui ont été lancés par l’institution chargée du contrôle des comptes publics. Au menu: l’optimisme excessif des prévisions gouvernementales, et la nécessité de prendre des nouvelles mesures pour accélérer la sortie de crise.
"L'état de nos finances publiques s'est aggravé de façon très sérieuse en 2009 et début 2010. La situation n'est pas encore irréversible, si la France s'attelle dès maintenant à une action de redressement forte, crédible et durable", a indiqué son premier président Didier Migaud (photo), devant les commissions des Finances et des Affaires sociales de l'Assemblée.
Dans le cadre d’un rapport préalable au débat d’orientation budgétaire qui commencera le 29 juin, il a tenu à rappeler que "si la gravité du mal dont nos finances publiques sont atteintes est de longue date chronique, ce mal a franchi un nouveau stade. Il y a donc urgence à prendre des mesures immédiates, sauf à hypothéquer notre indépendance et notre souveraineté si les tendances actuelles devaient se poursuivre".
Hausse des prélèvements "inévitable"
En atteignant les 8% du PIB cette année, le déficit devra repasser en dessous des 3% d’ici 2013. Le gouvernement en a fait une priorité et compte sur une maîtrise sans précédent des dépenses, ainsi que sur un bond substantiel des recettes liées à une croissance attendue de 2,5% entre 2011 et 2013. Ce qui est loin d’être assuré aux yeux de la Cour. A l’instar de ses partenaires européens, la France compte se stabiliser rapidement afin de rassurer ses prêteurs. Concernant l’éventuelle détérioration de sa note AAA, Didier Migaud a déclaré que "si le gouvernement agit, il n'y a aucune raison que les prêteurs doutent de la confiance dans la capacité de la France".
Sous les feux des projecteurs suite aux annonces d’Eric Woerth, la réforme des retraites en prend aussi pour son grade. Jugée peu efficace à court terme, la Cour des comptes met l’accent sur "l’urgence", en plaidant pour d’autres mesures. La hausse des prélèvements semblent "inévitable", tout en suggérant de s’attaquer aux niches fiscales et sociales. Celles-ci faisaient partie des premières mesures phares de la présidence Sarkozy.
Les déclarations de Didier Migaud se veulent le catalyseur des décisions prochaines du gouvernement, sans quoi "la soutenabilité des finances publiques de la France" ne sera "pas assurée à moyen terme". L’institution qui était présidée par Philippe Séguin entre 2004 et 2010 insiste sur le risque d’hypothéquer la souveraineté du pays.
Comme s’il avait senti le vent tourner, Nicolas Sarkozy a annoncé mercredi 23 juin dernier l’annulation de la traditionnelle garden-party de l’Elysée du 14 juillet. Si cette décision symbolique s’est justifiée pour des raisons d’économies en période d’austérité, des réformes plus profondes suivront prochainement lors de la Révision générale des politiques publiques, visant à réduire fortement les dépenses de l’Etat.
Source : lejdd.fr 24-06-2010
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