On aime ou on n’aime pas jacques Attali. Il est incisif, mordant, parfois d’un pessimisme qui frise le catastrophisme mais tout le monde lui reconnait une capacité d’analyse et une lucidité hors du commun. Expert économique il a souvent démontrées que ses perspectives étaient justes la dernière en date étant le G20 de Séoul pour lequel il avait justement annoncé qu’il n’en sortirait rien. Homme de gauche et fin politique, ses analyses et ses prévisions dans le domaine sont également écoutées. L’état major du parti socialiste a surement du méditer la chronique intitulée « La machine à perdre » que jacques Attali a publié dans « l’Express » du 10 novembre dernier.
L’auteur donne au moins six raisons pour lesquelles la gauche doit échouer lors des élections présidentielles de 2012 :
1. Le PS ne désignera pas son candidat avant octobre 2011. Ce qui le laisse jusque-là sans porte parole ni programme. Or la France n’a jamais élu président quelqu’un qui n’était pas clairement identifié comme candidat depuis longtemps.
2. A l’intérieur même du PS, les dirigeants sont plus occupés à s’entre-déchirer qu’à construire une réponse crédible à la crise. Le PS n’a pas de ligne – ou plutôt il en a cinq ou six, au gré de ceux qui s’expriment.
3. L’actuelle direction du Parti socialiste, particulièrement faible, est l’otage de son aile gauche irresponsable, sommaire et incompétente, qui s’exprime au nom du parti, dont elle est même le porte-parole. Une telle position n’aurait de sens que si elle était cohérente comptablement, ce qui était le cas quand François Mitterrand fut élu, sur un programme d’union de la gauche, radical mais cohérent et chiffré. C’est loin d’être la même chose aujourd’hui. Ce qui ne peut qu’aliéner au PS des voix du centre, sans lui en apporter aucune venue de l’extrême gauche ni même du camp des abstentionnistes.
4. Certains notables socialistes pourraient préférer perdre la présidentielle pour être plus surs de gagner les élections locales suivantes : pourquoi se sacrifieraient-ils tous pour la victoire d’un seul d’entre eux.
5. Les différents partis de l’opposition ont des conceptions économiques et écologiques aux antipodes les unes des autres, et ne travaillent pas à définir un programme commun minimal, de peur de révéler au grand jour l’immensité de leur désaccord.
6. Plus encore, les écologistes pensent avoir tout intérêt, comme les communistes en leur temps, à faire perdre les socialistes, afin d’ouvrir la voie à une tout autre forme d’alternance, entre deux modèles de développement et pour rejeter les socialistes au rang de parti d’appoint de la droite.
L’avenir nous dira si ces prévisions sont exactes et surtout si elles conduisent à l’issue qu’annonce Jacques Attali. J’ai tendance à croire qu’il a partiellement raison et qu’il est fort triste de constater qu’une opposition cohérente et structurée a autant de mal à se mettre en place en France.
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