Alors que les incendies continuent de ravager la Russie, la question des responsabilités politiques se pose. Des centaines de milliers d’hommes, des contingents de l’armée, l’appel aux volontaires, rien n’y fait. Le combat contre le feu se déroule dans une immense pagaille et surtout aucune mesure préventive n’avaient été prise alors que le risque était parfaitement connu.
Et si Vladimir Poutine était en partie responsable des incendies qui ravagent la Russie? Malgré des températures anormalement élevées et des incendies de forêt exceptionnellement violents depuis le début de l’été, les autorités et le gouvernement ont, en tout cas, été pris totalement au dépourvu. Aucune mesure préventive n’a été envisagée pour anticiper les dégâts, protéger les hommes et les arbres, se préparer au pire.
L’ampleur de la catastrophe naturelle qui s’abat sur la Russie témoigne d’une faillite de tout le système mis en place par l’actuel Premier ministre. Deux jours avant que les incendies n’attaquent des centaines de maisons et ne tuent des dizaines de personnes, les gouverneurs nommés par Vladimir Poutine lui-même s’étaient empressés de le rassurer: la situation est complexe mais maîtrisable. Ce refus d’admettre la gravité du moment s’inscrit dans une pratique courante dans l’administration russe, celle de dissimuler le plus longtemps possible à ses supérieurs ses faiblesses et ses erreurs. Aveu d’autant plus désagréable, en l’occurrence, qu’il aurait fallu justifier l’utilisation à mauvais escient de fonds fédéraux alloués à la protection des forêts.
Les preuves d’un dysfonctionnement profond
Depuis une réforme forestière en 2006, la gestion des 800 millions d’hectares de forêts du pays incombe en effet aux régions. En supprimant les services fédéraux, le nouveau code a fait disparaître 70.000 gardes forestiers, ainsi que de nombreuses casernes de pompiers dans les coins reculés. L’entretien et la protection des forêts sont passés à la charge des municipalités et des entreprises exploitantes, qui, selon l’Agence fédérale des forêts, souffrent d’un manque de coordination. Résultat, les sauveteurs et les pompiers combattent le feu dans des forêts mal entretenues, véritables poudrières.
Dans l’épreuve, Vladimir Poutine, homme d’action, a l’habitude de se précipiter sur le terrain. Depuis une semaine, on le voit donc dans les décombres calcinés des villages, rassurer les victimes, promettre des compensations et réprimander les autorités locales, qui ont si ouvertement failli à leur mission. "C’est un peu tard, commente Nikolaï Petrov, du Centre Carnegie de Moscou. Il fallait s’attendre à ce qu’un système politique hypercentralisé finisse par craquer." Et, de fait, le système Poutine apparaît doublement vicié : les gouverneurs nommés directement par lui se sentent moins responsables devant leurs administrés que devant le Premier ministre, tandis que leurs pouvoirs sont très limités. "Ils ne peuvent pas disposer librement des ressources allouées par l’Etat, ils doivent tout concilier avec le centre", ajoute l’expert.
A tel point que Vladimir Poutine s’est trouvé obligé de prendre personnellement le contrôle de la situation, jusque dans les moindres détails. Prenant acte de la corruption qui ronge la Russie à tous les niveaux administratifs, il a déclaré que les compensations financières seraient distribuées aux victimes sous l’oeil sévère du Kremlin. Il a même décidé de suivre les reconstructions personnellement, en installant des caméras de surveillance sur tous les chantiers. Que Poutine ne puisse faire confiance à ses propres hommes est une preuve indéniable d’un dysfonctionnement profond. Qu’il décide de l’admettre aussi franchement devrait faire remonter encore plus sa cote de popularité qu’aucune crise, pour l’instant, ne semble entamer.
Source : lejdd.fr 07-08-2010
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