Dans le nord-ouest du pays, les inondations ont fait 1.600 morts et des millions de sans abris. Les autorités, qui ont fait appel à l'aide internationale, sont complètement débordées. Tout le nord du pays risque maintenant l'épidémie de choléra et l'on dénombre plus de douze millions de sinistrés.
Il est assis sur un immense tas de boue et de paille, le regard dans le vague. Sa salwar kameez, la tunique traditionnelle au Pakistan, a pris la couleur de la terre. Il y a dix jours encore, ce tas de boue était la maison dans laquelle il vivait depuis trente ans. Mohammed Hussein, 53 ans, souffle quelques instants. Il a passé la journée les mains enfouies dans les décombres à la recherche d’affaires qu’il pourrait sauver. Maigres résultats : une dizaine d’ustensiles de cuisine, quelques planches de bois… Un peu plus loin, sa petite-fille vêtue d’un simple tee-shirt est assise à même le sol, les pieds dans l’eau. Elle a tout juste 2 ans.
Ce naufragé des pires inondations de l’histoire du Pakistan est l’un des 25.000 habitants de Garhi, l’un des villages les plus sinistrés de cette province du nord-ouest. "J’étais là quand l’eau est arrivée, raconte-t-il. J’ai d’abord évacué ma femme et mes enfants. Je pensais que le niveau allait redescendre, mais il n’a cessé d’augmenter. Le courant était de plus en plus fort. J’ai dû m’enfuir." L’eau est montée jusqu’à 4 mètres de haut, noyant entièrement Garhi, dont seuls quelques toits étaient encore visibles.
Quand le village est devenu à nouveau accessible, six jours plus tard, il a retrouvé sa maison détruite par les torrents. Les nombreuses habitations construites en briques de terre comme la sienne se sont toutes effondrées. "Mon bétail a été emporté par les eaux, je n’ai plus rien pour vivre, ajoute-t-il. Je n’ai pas les moyens de reconstruire. Ma famille s’est réfugiée chez des proches dans un autre village. Nous vivons à dix dans une seule pièce."
Des radeaux faits de lits et de chambres à air
Entouré de champs de canne à sucre inondés, Garhi offre au regard un paysage apocalyptique. La boue et les débris recouvrent les rues. Les pylônes électriques sont couchés au sol. Des bouts de ferraille et des tissus pendent des arbres… Les premiers jours après la catastrophe, des corps de buffles, de vaches et de chèvres gisaient sur le bord de la route. Il n’y a plus ni eau courante ni électricité. Saïd Arab Khan, un père de famille de 36 ans, charge les quelques meubles qui lui restent dans un camion. Lui aussi part habiter chez des proches. "Ma femme et mes filles sont malades, explique-t- il, épuisé. Elles ont des allergies, des problèmes respiratoires et des diarrhées, mais il n’y a rien pour les soigner. Je suis seul et je dois faire de mon mieux. C’est la plus grande tragédie que j’ai connue dans ma vie."
Depuis que les eaux se sont retirées, il n’a vu aucune assistance parvenir à son village. Ni du gouvernement ni des organisations humanitaires. Les seuls repas que Saïd Arab Khan a pris, ce sont des habitants épargnés par la catastrophe qui les lui ont offerts. Un système d’entraide spontané s’est instauré entre les villageois. Certes, il y a Aamir Gamaryani, un responsable local de l’ONG américaine Relief International. Il a une équipe et de la bonne volonté, mais aucun moyen pour porter secours à la population. "L’armée est arrivée deux jours après la catastrophe, raconte le responsable humanitaire. Elle n’avait que deux bateaux, dont l’un ne marchait même pas correctement. Douze personnes seulement ont été secourues par les militaires, alors que 500 personnes ont été sauvées par les villageois eux-mêmes. Nous avons construit des radeaux avec des lits et des chambres à air et nous les avons évacuées."
Désormais, pour faire face à l’ampleur de la catastrophe, les sinistrés attendent qu’une aide internationale se mette en place. L’envoyé spécial de l’ONU, le Français Jean-Maurice Ripert, a annoncé qu’un appel de fonds spécial allait être lancé, soulignant le risque d’épidémies en raison du manque d’eau potable. Les Etats-Unis ont, quant eux, promis de fournir 35 millions de dollars d’aide aux victimes.
Source : lejdd.fr 07-08-2010
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