L'opposante birmane, prix Nobel de la Paix, qui a passé la majeure partie de ces vingt dernières années assignée à résidence, pourrait bientôt être libre de ses mouvements. C’est au moins ce qu’avait promis la junte militaire avant les élections. Mais Aung San Suu Kyi met en garde la junte birmane en affirmant qu'elle n'acceptera aucune clause restreignant sa libération.
Aung San Suu Kyi pourrait être libérée samedi 12 novembre, date à laquelle expire son assignation en résidence surveillée. Mais l'opposante birmane a d'ores et déjà prévenu, par la voix de son avocat, qu'elle refuserait une libération, si celle-ci était assortie de clauses spécifiques imposées par la junte militaire au pouvoir. "Cette libération doit être sans condition car elle n'acceptera pas, comme elle l'a toujours fait par le passé, qu'on y mette des limites", a indiqué mercredi Nyan Win, qui est également l'un des porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), mouvement fondé par l'opposante birmane.
Pour l'heure, la junte birmane – qui a remporté dimanche dernier, sans surprise, les élections législatives avec 80% des sièges – n'a pas précisé ses intentions à l'égard d'Aung San Suu Kyi, qui est toujours confinée dans sa résidence de Rangoun. S'ils ont reconnu leur défaite, les deux plus importants partis pro-démocratie en lice, à savoir la Force démocratique nationale (FND) et le Parti démocratique, ont dénoncé un scrutin truqué, accusant l'armée d'avoir falsifié les résultats. Le LND avait, pour sa part, décidé de boycotter ces élections, entraînant ainsi sa dissolution.
"Nous allons pouvoir voir si ce nouveau gouvernement n'est qu'un habillage neuf de l'ancien ou si on va vers quelque chose de différent", avait indiqué la semaine dernière l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Birmanie, Andrew Steyn. Reste à savoir si l'homme fort de la junte, Than Shwe, prendra la décision de libérer Aung San Suu Kyi, figure emblématique de l'opposition birmane. La prix Nobel de la Paix de 1991 a passé l'essentiel des vingt dernières années derrière les barreaux ou assignée à résidence. En août 2009, elle avait une nouvelle fois été condamnée pour avoir permis à un ressortissant américain de pénétrer à son domicile de Rangoun, une infraction aux règles imposées par la junte militaire au pouvoir.