On finidssait par ne plus y croire tant les militaires au pouvoir en Birmanie avaient trouvé de prétextes pour garder en détention la prix Nobel de la Paix. Comme le précisait son dernier jugement, l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a été libérée samedi 13 novembre, au terme de son assignation à résidence. La junte au pouvoir à Rangoun espère ainsi améliorer son image sur la scène internationale. Mais la dissidente, qui a passé 15 des 21 dernières années privée de liberté, devra être reconnue innocente avant de pouvoir se présenter à un scrutin, comme l'exige la loi électorale. Sa liberté de mouvement et de parole pourrait également être encadrée.
La junte militaire birmane a mis fin aux rumeurs samedi matin par un geste symbolique: des policiers ont retiré les barrières qui encadraient depuis de longues années le domicile de l'opposante Aung San Suu Kyi, à Rangoun. La foule rassemblée dans le quartier depuis l'aube a aussitôt compris le message : la dissidente, prix Nobel de la paix 1991, est libre. Peu après, Aung San Suu Kyi est apparue sur le perron de sa maison, saluant la foule. "Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler. Les gens doivent travailler à l'unisson. C'est seulement comme cela que nous réaliserons notre objectif", a-t-elle déclaré..
Depuis vendredi, les rumeurs en ce sens s'étaient multipliées dans les médias et sur internet, indiquant notamment que le chef de la junte, Than Shwe, avait d'ores et déjà signé l'ordre de libération. Mais jusqu'au dernier moment, le doute était permis, tant la junte est imprévisible. Cette libération intervient alors qu'a expiré samedi la dernière condamnation à 18 mois d'assignation à résidence de la militante. Au total, Aung San Suu Kyi a passé 15 des 21 dernières années privée de liberté.
Quelles contreparties pour la junte?
Une semaine après les premières élections législatives organisées en Birmanie depuis vingt ans, les généraux au pouvoir depuis 1962 pourraient chercher, par ce nouveau geste, à améliorer l'image de la junte sur la scène internationale. Si les élections organisées dimanche dernier ont été vivement critiquées pour leur manque de transparence par la communauté internationale - le parti pro-junte a remporté 80% des sièges en jeu -, la libération d'Aung San Suu Kyi pourrait, elle, entraîner, à plus ou moins long terme, une révision des sanctions prises à l'encontre de la junte.
Mais pour la militante, fille du général Aung San, héros assassiné de l'indépendance, le retour à la politique s'annonce compliqué. Au terme de la nouvelle loi électorale, la fondatrice de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), aujourd'hui âgée de 65 ans, devra en effet être reconnue innocente avant de pouvoir se présenter à une élection. Par ailleurs, certains s'interrogent sur son aura politique au sein même de la LND, officiellement dissoute pour avoir boycotté le scrutin du 7 novembre.
Reste enfin à connaître les contreparties à cette libération exigées par la junte. Si Aung San Suu Kyi a fait savoir cette semaine qu'elle refuserait toute condition à son élargissement, sa liberté de mouvement et de parole pourrait être encadrée. La junte attend notamment d'elle qu'elle appuie sa demande de levée des sanctions. Et les premiers mots de l'opposante - "travailler à l'unisson" - pourraient être interprétés comme tels. La communauté internationale ne s'y est pas trompée: si de nombreux dirigeants ont salué samedi la libération du Nobel de la paix, ils ont rappelé qu'ils seraient attentifs aux conditions de celle-ci.
Source : lejdd.fr 13-11-2010
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