A une semaine des premières élections libres organisées depuis la chute de Ben Ali en janvier, la Tunisie retient son souffle. Dimanche 23 octobre prochain, les Tunisiens auront en effet à élire les 217 membres de la nouvelle Assemblée constituante (dotée des pleins pouvoirs exécutifs et législatifs) choisis dans plus de 1500 listes constituées par 111 partis différents — et même des personnalités indépendantes.
C’est dire l’embarras du choix pour les Tunisiens habitués au parti unique jusqu’à la révolution de Jasmin. Si l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a organisé dimanche une sorte de répétition générale — qui s’est parfaitement déroulée — avec un vote blanc dans un bureau de Tunis où s’affrontaient théoriquement 80 listes, tout est loin d’être résolu pour autant.
Au plus haut niveau de l’Etat, on redoute que les islamistes raflent la mise. Cette multiplication des candidatures pourrait en effet faire le jeu du parti islamiste Ennahda, seul mouvement politique véritablement organisé dans le pays, où son leader historique, Rached Ghannouchi, est revenu le 30 janvier, deux semaines seulement après la fuite de Ben Ali. « La date du 23 octobre va dévoiler le poids de chaque parti. Ennahda est le plus grand parti du pays et sa popularité est en hausse », assure Ghannouchi, pratiquement sûr de sa victoire.
« Je pense personnellement que Ghannouchi a beaucoup évolué après plus de vingt ans passés en exil à Londres, et que le discours d’Ennahda a lui aussi évolué », souligne cependant Béchir Selmi, ancien député du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali aujourd’hui dissout, « même si je crains comme tout le monde la victoire d’Ennahda, qui a de fortes chances de devenir le parti le plus important dans les zones populaires ».
Il se fait en revanche l’écho d’une réelle inquiétude grandissant dans la bourgeoisie et les classes moyennes à l’égard des « barbus ». « Les gens pensent que les islamistes disent que s’ils gagnent les élections, ils ne vont pas interdire l’alcool et imposer la charia, la loi islamique, mais qu’ils risquent bien de changer de discours dès le lendemain », explique-t-il. A Tunis, conclut cet ancien député, « beaucoup de gens ont ainsi peur de perdre un peu de liberté, à commencer par le plaisir de boire leur bière ou leur whisky. Et les jeunes femmes ont peur aussi de perdre leur statut juridique et d’être obligées demain de porter le voile. »
Source : LeParisien.fr 19-10-2011
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