Rien ne semble pouvoir enrayer la dégradation de la situation financière grecque. Malgré ses efforts, le pays ne parvient pas à restaurer la confiance des marchés financiers, et ses partenaires semblent murés dans un silence qui contribue alourdir le climat…
La Grèce est sur toutes les "unes" de la presse économique mondiale ce matin, alors que la bérézina financière du pays continue à contaminer la Zone Euro et la monnaie unique. Jeudi, alors que les rendements obligataires grecs restaient au sommet par rapport à ceux de l'emprunt de référence européen, le Bund allemand, Moody's a dégradé la notation souveraine du pays de "A2" à "A3", tout en maintenant la pression en envisageant une nouvelle dégradation. "Cette décision est basée sur le sentiment de Moody's selon lequel il existe un risque important que la dette ne fasse que se stabiliser à un niveau et à un coût supérieurs à ce qui était anticipé", a expliqué l'agence, qui a concomitamment abaissé sur les mêmes bases la notation de la capitale du pays, Athènes. Moody's estime que si le pays respecte jusque-là son plan d'austérité, voire même le dépasse sur certains points, le contexte macroéconomique et l'environnement financier ont rendu plus compliqué l'atteinte des objectifs de désendettement.
En conséquence, la notation souveraine, qui détermine la solidité financière d'un pays et notamment sa capacité à emprunter et les conditions auxquelles il accède au financement, pourrait être abaissée d'un cran, au niveau "Baa3" selon l'échelle de l'agence, soit à 3 rangs de la catégorie dite "spéculative", à partir de laquelle les notes sont considérées comme étant médiocres. La Grèce a d'ores et déjà détrôné l'Ukraine au palmarès des signatures les plus dangereuses. Le marché estime que la probabilité de voir le pays faire défaut sur sa dette s’élève à plus de 40%. Sur ce critère, la Grèce est désormais le quatrième pays le plus risqué au monde, derrière l'Argentine, le Venezuela et le Pakistan.
Déficit à 13,6% du PIB
Et les mauvaises nouvelles continuent à s'accumuler pour le pays. Jeudi 22 avril, l'office européen des statistiques, Eurostat, avait publié les données de déficit public et d'endettement des membres de l'Union, en dressant un constat sans appel: entre 2008 et 2009, le déficit public de la Zone Euro est passé de 2 à 6,3%, certains pays crevant le plafond. C'est le cas de la Grèce, dont le déficit représentait 13,6% du PIB.
Mais Eurostat a précisé que ce niveau pourrait être relevé "en raison des incertitudes sur l'excédent des caisses de sécurité sociale pour 2009, sur le classement de certains organismes publics et sur l'enregistrement des swaps hors taux de marché". Après l'achèvement de l'enquête qu'Eurostat a entreprise, cela pourrait conduire à une révision pour l'année 2009 de l'ordre de 0,3 à 0,5 point de PIB pour le déficit soit un niveau pouvant aller jusqu'à 14,1%. Une annonce qui a fortement déplu jeudi, puisqu'elle induit qu'il demeure des zones d'ombre sur la situation grecque, une incertitude que goûtent très peu les financiers.
A cette actualité adverse s'ajoutent les réactions trop timides, voire le mutisme, des partenaires de la Grèce. Cela a évidemment de lourdes conséquences sur l'Euro, puisqu'il fallait 1,3202 Dollar pour obtenir un Euro sur les cours planchers du jour, soit un plus bas depuis environ un an pour la monnaie européenne. Les marchés spéculent désormais sur une déclaration commune du G20, qui se réunit aujourd'hui, pour venir en aide au pays et éviter un "effet papillon" sur l'économie mondiale.
Les pays européens pourraient également accorder un prêt-relais à Athènes, à la demande du gouvernement grec dont la capacité d'emprunt est obérée par les taux exorbitants assignés à ses émissions: jeudi, la prime sur une obligation d'Etat à 10 ans frôlait les 9%! Mais les marchés ne sont pas rassurés pour autant: la zone Euro n'a pas brillé par sa réactivité ces derniers mois dans ce dossier, et beaucoup ne voient pas de raisons que cela change, malgré l'urgence de la situation.
Source : lejdd.fr 23-04-2010
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