Impôts, bouclier fiscal, publicité sur l'audiovisuel public… Le chef de file des députés UMP Jean-François Copé attaque, et propose, tous azimuts. Quitte à critiquer ouvertement les projets du gouvernement.
Après les vives critiques qu'avait suscitée sa proposition de loi sur l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics, l'hyperprésident du groupe UMP à l'Assemblée nationale s'était calmé, le temps de la campagne électorale des régionales. Mais Jean-François Copé a encore des dizaines d'idées qu'il compte mettre en œuvre, quitte à contrer le pouvoir exécutif. Mardi soir, devant les membres de Génération France (photo avec le socialiste jean-Marie Le Guen), son club politique, il a multiplié les projets et les annonces.
La chasse au gaspi
Et son programme est ambitieux. Tout d'abord, le chef de file des députés UMP compte ni plus ni moins apporter la solution aux déficits publics locaux. Il a ainsi plaidé pour un "pacte de stabilité" entre les collectivités locales et l'Etat pour mettre un terme à "l'explosion" des dépenses des conseils généraux et régionaux – dont il souhaite la "fusion". "Aujourd'hui, le cumul des budgets régionaux et départementaux, c'est 64 milliards d'euros. On ne peut pas continuer comme ça, c'est intenable", a-t-il lancé. Et d'illustrer son propos en évoquant, à demi-mots, l'action de Claude Bartolone, qui menace de présenter jeudi, pour la Seine-Saint-Denis, un budget en déséquilibre, ce que la loi prohibe.
Autre cible de Jean-François Copé: le trou de la Sécu. Devant le socialiste (et médecin) Jean-Marie Le Guen, invité d'honneur du club Génération France mardi soir, l'ancien ministre du Budget a prêché pour la mise en place de guichets uniques, simplifiant les procédures administratives des caisses d'allocations familiales, des caisses d'assurance maladie et de l'URSSAF. Des "structures" qui coûtent "une fortune aux contribuables".
Tireur embusqué
Entre deux salves de propositions, le discours de Jean-François Copé se fait offensif, taclant le gouvernement. Depuis quelques jours, il relaye la grogne de certains députés UMP, notamment au sujet du bouclier fiscal. Le député-maire de Meaux préfère évoquer un "bouclier social" et préconise la fusion entre l'impôt sur le revenu (payé seulement par un Français sur deux) et les taxes sociales CSG-CRDS à l'assiette plus large.
Autre sujet de discorde avec l'équipe de François Fillon, le dossier de la régie publicitaire de France Télévisions. Jean-François Copé veut clairement remettre en cause, par le biais d'un texte législatif, la privatisation de cette régie. Lors d'une table ronde mercredi au Palais Bourbon, il devrait proposer le retour des écrans publicitaires sur les chaînes publiques avant 20 heures. Ce qui remettrait en cause, comme le notait Patrick de Carolis dans le JDD , la vente de France Télévisions Publicité à Lov Group – piloté par l'homme de média Stéphane Courbit – et Publicis.
Des recadrages sans effet?
C'est pourtant le même Jean-François Copé qui a négocié en 2008 la mise en place de la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a d'ailleurs insisté sur l'application inévitable d'un texte voté en mars 2009: "La loi prévoit la suppression de la publicité sur le reste de la journée à partir du 30 novembre 2011, c'est à dire au moment de l'extinction de la télévision analogique." Point final. Seulement Jean-François Copé insiste. Sur le site du Point , il explique même que supprimer totalement les écrans publicitaires reviendrait à augmenter la redevance. "Il faudrait prévoir une compensation supplémentaire de 200 millions d'euros. Je ne vois pas comment l'État peut assumer une telle charge compte tenu de ce que sont ses finances", explique-t-il.
Reste que la suractivité du chef de file des députés UMP agace d'autres figures de la majorité. Outre Luc Chatel, Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, a recadré le parlementaire mardi. "L’équilibre institutionnel est malmené et crée une confusion dommageable pour la lisibilité de l’action, pour sa continuité", a-t-il expliqué en conférence de presse après avoir fixé l'agenda mensuel du Palais Bourbon. Il accuse le groupe majoritaire et Jean-François Copé de conduire une "action à la façon d’un parti politique, défrichant telle question avant même qu’un projet de loi soit déposé et même, sans projet de loi, sur les problèmes de société".
Source : lejdd.fr 07-04-2010
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