Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Finances se sont accordés, dans la nuit de dimanche 9 ami à lundi 10, sur un mécanisme de gestion des crises doté d'une enveloppe totale de 500 milliards d'euros. Le Fonds monétaire internationale (FMI) complètera cette aide à hauteur de 250 milliards. Il était temps car les marchés semblaient de plus en plus nerveux. L'Europe savait qu'elle n'avait plus le temps de tergiverser et qu'il fallait frapper un grand coup pour enrayer la spéculation et les risques de contagion de la crise grecque.
Les échanges ont duré douze heures mais l'Union européenne est finalement arrivée, dans la nuit de dimanche à lundi, à un accord sans précédent. Afin d'endiguer la crise grecque et de garantir la stabilité financière, les Vingt-Sept ont mis en place un plan de stabilisation de 750 milliards d'euros, en lien avec le Fonds monétaire international (FMI). Une solution "consolidée, cohérente et déterminée", pour la ministre française des Finances, Christine Lagarde, reprise par son homologue espagnole, Elena Salgado: "A circonstances exceptionnelles, réaction exceptionnelle".
Le mécanisme adopté consiste, en fait, en un fonds communautaire, mobilisable à très court terme, s'élevant à 60 milliards d'euros pour venir en aide à un pays en difficulté. Auquel s'ajoute une garantie de 440 milliards d'euros destinée à constituer une nouvelle entité capable de lever des fonds sur les marchés financiers et d'acheter, ensuite, de la dette publique de pays fragilisés. Sur ce point, les Etats membres de la zone euro ont été rejoints par certains pays ne possédant pas la monnaie unique comme la Suède et la Pologne. Ainsi, au total, le montant des obligations d'Etat qui pourraient être rachetées serait de 500 milliards d'euros.
La BCE s'engage
Selon les conclusions du texte émis lors de la réunion, ce mécanisme repose sur l'article 122-2 du traité qui permet de venir en aide à un Etat membre de l'Union européenne confronté à de "graves difficultés", comme cela a été le cas pour la Grèce par exemple. Il restera en place aussi longtemps que nécessaire pour garantir la stabilité financière. Quant à la garantie de 440 milliards, elle "expirera après trois ans". Mais plusieurs sources ont d'ores et déjà indiqué qu'elle pourra être prolongée par la suite dans sa forme actuelle ou via la création d'une nouvelle entité.
Par ailleurs, en cas de besoin, le Fonds monétaire international (FMI) s'est également engagé à accompagner cet effort à hauteur "d'au moins la moitié", soit 250 milliards d'euros. "Ce sont des mesures fortes qui contribueront à la stabilité économique et financière globale", a déclaré le président du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Après l'annonce de ce plan d'urgence, la Banque centrale européenne (BCE) – qui était pourtant restée sourde à de telles mesures – a dévoilé, dans un communiqué, son intention de commencer à acheter de la dette publique et privée de la zone euro. "Compte tenu de la multiplicité des cartes qui sont sur la table, tous les joueurs qui sont ligués tous ensemble pour défendre l'euro, moi, je suis convaincue que le mécanisme va fonctionner", a assuré Christine Lagarde, lundi matin sur Europe 1.
L'euro à la hausse
Et ce plan de stabilisation a été bien perçu par les marchés financiers. Les Bourses se sont immédiatement redressées lundi matin en Asie. A Tokyo, l'indice Nikkei, qui avait ouvert sur une hausse de 0,33%, gagnait 1,30% à 10.499,25 points, à la mi-journée. Même tendance à la hausse pour l'euro. La monnaie unique européenne s'échangeait sur le continent asiatique à 1,29 dollar et progressait également face au yen. "A court terme, l'ensemble de ces plans d'aide semble efficace. Mais dans le long terme, il pourrait faire peser un lourd fardeau sur la zone euro", a toutefois relativisé Hideki Hayashi, économiste chez Mizuho Securities à Tokyo.
"Le consensus trouvé par les Européens semble aussi souligner l'engagement de l'UE à s'occuper d'autres problèmes s'ils devaient se produire dans des pays comme l'Espagne et le Portugal", estime, de son côté, Lee Kyoung-su, analyste du marché chez Taurus Investment&Securities à Séoul. Les économistes estimaient, en effet, qu'une aide d'au moins 500 milliards serait nécessaire, le cas échéant, pour sauver l'Irlande, le Portugal et l'Espagne. Ces deux derniers pays, inquiétés par une contagion de la crise grecque et par une baisse de leur note souveraine, devraient annoncer d'ici le 18 mai de nouvelles réductions de leurs déficits publics pour 2010 et 2011.
Source : lejdd.fr 10-05-2010
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