La Belgique vit une nouvelle crise politique. Lundi 26 avril, le roi des Belges a accepté la démission du Premier ministre, Yves Leterme. La tension entre Flamands et francophones s'est accrue ces derniers jours. Et comme à chaque fois, l'hypothèse d'une partition du plat pays revient sur le devant de la scène. Simple serpent de mer de la politique belge ou issue probable ? Eléments de réponse.
Yves Leterme connaît par cœur le chemin qui mène au château du Belvédère, la résidence du roi des Belges, Albert II et de la reine Paola. Cela fait en effet quatre fois qu'il s'y rend pour présenter sa démission: deux fois de son poste de "formateur" du gouvernement, deux fois de son poste de Premier ministre. Dernière en date, jeudi donc, après le départ des libéraux-flamands du parti Open VLD de sa coalition. Le roi a d'ailleurs accepté sa démission lundi.
Ce n'est là aussi pas une nouveauté, l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) est une nouvelle fois au cœur de l'opposition entre Flamands et francophones. "Cette question du BHV est une vieille question que l'on a essayé de résoudre dans les années 70, puis dans les années 90 ou encore en 2005", rappelait ainsi Pascal Delwit. En Belgique, l'opposition entre les deux communautés linguistiques ne date pas d'hier, mais cette nouvelle crise pourrait bien conduire à la scission de l'arrondissement BHV. "Sauf surprise, les négociations en cours aboutiront à la scission de BHV", écrit ainsi Le Soir dans un éditorial publié lundi et intitulé: "Scindons, mais à nos conditions."
De la scission de l'arrondissement électoral à la scission du pays, il n'y a qu'un pas que certains n'hésitent pas à franchir. Certains, simplement pour en faire le constat. "Bye Bye Belgium", titrait ainsi La Dernière heure vendredi, en référence à une fausse émission télévisée belge qui avait suscité l'émoi en annonçant en direct aux téléspectateurs la déclaration d'indépendance des Flamands de Belgique. "Ce pays a-t-il encore un sens ?" , s'interrogeait plus sérieusement Le Soir
"Rattachistes" contre indépendantistes
D'autres, parce qu'ils le souhaitent. C'est le cas des partisans du "rattachisme", réunis notamment au sein du RWF (Rassemblement Wallonie France). Ils militent pour le rapprochement entre les régions francophones de Belgique - Bruxelles, les six communes de la périphérie de la capitale belge, la Wallonie - à l'Hexagone. Le pourcentage du nombre de Belges qui prônent la fin de l'unité belge grossit d'année en année. Selon les derniers sondages, 49% des Wallons s'y déclarent favorables, contre à peine 29% il y a seulement six mois. En juillet 2008, 60% des Français n'y voyaient aucun problème. Mais derrière ces sondages, le poids réel des "rattachistes" est faible: aux différentes élections, il franchit à peine la barre de 1%.
De l'autre côté, certains prônent l'indépendance de la Flandre, voire son rattachement aux Pays-Bas. Cette dernière hypothèse est toutefois peu relayée. Seul le député populiste néerlandais, Geert Wilders, y a fait référence en 2008, évoquant un "intérêt économique". "Les Pays-Bas obtiendraient le port d'Anvers et un aéroport. Nous avons beaucoup de points communs sur le plan culturel. Ce serait aussi avantageux pour l'emploi. Nous aurions plus d'espace. Le système scolaire flamand est bon, les impôts sont plus bas", avait-il ainsi déclaré dans une interview accordée au quotidien De Telegraaf . Mais à l'époque, ces propos avaient davantage été interprétés comme une énième provocation du populiste.
"Une Wallonie seule ne survivrait pas"
En revanche, le poids politique des indépendantistes en Flandre est nettement plus important. Les différentes formations totalisent, selon les derniers sondages, plus de 40% de l'électorat. Très concrètement, une éventuelle "indépendance" des deux régions poserait davantage problème à la Wallonie qu'à la Flandre. La situation économique et sociale est ainsi nettement meilleure en Flandre. La crise de la sidérurgie a laissé des traces en Wallonie. Le taux de chômage y est d'ailleurs en moyenne le double de celui de la Flandre. Et la région francophone connaît un vieillissement de sa population, notamment du à la baisse de la natalité.
"Une Wallonie seule ne survivrait pas à la fin de la Belgique", titre d'ailleurs Le Soir, avant d'ajouter: "Pour les tenants de la thèse rattachiste, une intégration progressive à la République française serait la seule solution acceptable pour la Wallonie, sous peine d’être écrasée par sa dette publique et de ne plus pouvoir maintenir son système social." Le journal note également qu'un rattachement à l'Hexagone ne se ferait pas sans problème, énumérant, entre autres, "la restructuration de l'administration" et "l'harmonisation progressive du droit". Sans compter les conséquences d'une partition de la Belgique au niveau de l'Union européenne. La protestation de certains Etats n'est d'ailleurs pas exclue. Dans ces conditions, l'éventuelle partition du plat pays ne ferait, semble-t-il, que déplacer le problème.
Source : leJDD.fr 26-04-2010
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