Comme beaucoup d’autres observateurs je me suis trompé : je pensais que le vote au Sénat étant pratiquement acquis un certain nombre de centrales syndicales allaient de désengager du processus de manifestations. Et bien non. Le front uni que l’on n’avait pas vu depuis bien longtemps a résisté. Et pourtant, ni le gouvernement ni l’UMP n’ont lésiné sur les moyens destinés à conduire à la division : le Sénat a adopté subrepticement, dans la nuit de mercredi 20 octobre à jeudi 21, un amendement reprenant une revendication de la CFDT, le front syndical, loin de s'effriter, continue d'afficher son unité contre la réforme des retraites. En fin d'après-midi jeudi, l'intersyndicale a annoncé la tenue de deux nouvelles journées d'action, le 28 octobre et le 6 novembre prochains.
La légère inflexion, savamment orchestrée, des sénateurs de la majorité sera donc restée vaine… Dans la nuit de mercredi à jeudi, la chambre haute du Parlement avait repris à son compte l'une des revendications portée par la CFDT en adoptant un amendement sur le "régime universel". Pas de quoi toutefois briser l'union sacrée qui règne entre les organisations syndicales depuis de longs mois contre la réforme des retraites. Jeudi, en fin de journée, et comme l'habitude en a été prise depuis début septembre, le couperet est à nouveau tombé : l'intersyndicale (CFDT, CGT, CFE/CGC, Unsa, CFTC, FSU) a fait l'annonce de deux nouvelles journées de mobilisation populaire: le jeudi 28 octobre et le samedi 6 novembre prochains.
Respecter "les biens et les personnes"
La première de ces deux dates correspond peu ou prou à celle de l'adoption définitive de la réforme par le Parlement. La seconde devrait, elle, devancer de quelques jours la promulgation de la loi par le président de la République. En décidant en une seule fois de ces deux nouveaux rounds sociaux, les syndicats affichent leur détermination à obtenir la remise à plat du projet de loi, mais également leur foi en l'avenir. En effet, alors que dès ce week-end se profilent les vacances de la Toussaint et le risque d'une décrue de la mobilisation populaire, les centrales restent confiantes quant à l'objectif de "rassembler le plus grand nombre et d'amplifier le soutien de l'opinion publique".
La dernière journée de mobilisation, mardi 19 octobre, a rassemblé, selon les sources, entre 1,1 et 3,5 millions de personnes, soit le plus fort total enregistré depuis le début de la grogne (et les six journées d'action déjà organisées depuis le 7 septembre). Toutefois, face à certains actes de violence recensés ces derniers jours - à Nanterre (Hauts-de-Seine) et Lyon (Rhône), notamment – les organisations syndicales ont tenu à rappeler, dans leur communiqué, que "les initiatives unitaires (doivent veiller) au respect des biens et des personnes". Il en va, notamment, de la popularité du mouvement social. Or, celle-ci est au beau fixe: selon les derniers sondages parus, plus de six Français sur dix se rangent du côté des opposants aux plans du gouvernement.
C’est donc un véritable bras de fer qui est maintenant engagée. Avec beaucoup d’inconnues : quelle va être l’évolution des mouvements de grève, notamment dans les transports publics où un ralentissement s’est déjà amorcé ? Que va devenir l’engagement des lycéens et des étudiants lorsque va sonner la fermeture des lycées pour cause de vacances scolaires ? Quel sera enfin l’attitude de l’opinion publique, qui soutenait largement les mouvements sociaux, mais qui commence à s’irriter de voir les poubelles s’accumuler sur les trottoirs et les pompes à essence vides ?
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)