Cela devait arriver. La Côte d’Ivoire ne pouvait pas rester avec deux présidents et deux gouvernements : l’un au palais présidentiel et l’autre retranché dans un hôtel. Mardi 14 décembre, alors que Laurent Gbagbo s'accroche toujours au pouvoir en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le nouveau président du pays, a appelé la population à marcher "pacifiquement" sur les lieux du pouvoir ivoirien. De quoi faire craindre des violences entre les deux camps. Des heurts ont déjà éclaté en fin de journée.
La stratégie utilisée par Laurent Gbagbo il y a dix ans se retournera-t-elle contre lui? Mardi, comme Gbagbo l'avait fait en 2000 pour renverser le général Robert Gueï, Alassane Ouattara a appelé la rue ivoirienne à se ranger derrière lui afin d'installer, jeudi, "le nouveau directeur général" de Radio-Télévision ivoirienne (RTI), puis, le lendemain, de marcher sur les bâtiments du gouvernement pour que lui et ses partisans en prennent le contrôle.
Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti du leader nordiste reconnu par la communauté internationale comme le nouveau président du pays, a ainsi formellement appelé "la population ivoirienne dans toutes ses composantes à engager maintenant sur tout le territoire national le combat pacifique et démocratique pour installer les autorités légitimes et légales de Côte d'Ivoire". Pour l'heure, Alassane Ouattara et son Premier ministre désigné, Guillaume Soro, sont retranchés dans un hôtel d'Abidjan, protégés par des casques bleus de l'Organisation des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
Gaz lacrymogènes
Cette annonce fait monter d'un cran la pression, déjà étouffante, qui règne dans le pays depuis l'annonce contradictoire des résultats du second tour de l'élection présidentielle. Une pression qui repose essentiellement sur les épaules de Laurent Gbagbo, donné vainqueur par le conseil constitutionnel ivoirien, et contre lequel des sanctions pourraient être décidées par la communauté internationale.
Reste que le chef de l'Etat ivoirien, toujours en place, dispose du contrôle de l'armée - à tout le moins de ses hauts gradés - de la police et de ses miliciens du mouvement des Jeunes patriotes. Autant dire que tous les ingrédients sont actuellement réunis pour qu'éclate une confrontation entre les deux camps. Sans préjuger d'un embrasement généralisé, mardi soir, les forces ivoiriennes ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser quelque 3.000 manifestants qui se rendaient à la limite entre le territoire sous contrôle gouvernemental et celui aux mains des rebelles. Quelques instants plus tôt, à Bouaké, ancienne "capitale" des ex-rebelles des Forces nouvelles, la population avait en effet été invitée à marcher vers le Sud sur une ville située à l'intérieur de la zone tenue par le gouvernement Gbagbo afin d'exiger la prise de fonctions de Ouattara.
Source : lejdd.fr 14-12-2010
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