Le bilan est lourd: il y aurait eu, selon l'ONU, près de 300 morts et des milliers de blessés. Pourtant, des centaines de milliers d’Égyptiens sont encore descendus dans les rues, ce vendredi 4 février place Tahrir, symbole de la contestation populaire au Caire, pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak. Ce jour avait été déclaré, par les égyptiens eux-mêmes, « le jour du départ » en référence à l’ultimatum lancé par le Prix Nobel El Baradai. Hors du périmètre de la Place, de violents accrochages ont eu lieu encore ce vendredi entre pro et anti Moubarak. La chasse aux journalistes étrangers se poursuit et plusieurs Français avaient disparu.
Les manifestants ont scandé "Irhal, irhal" (Dégage, dégage) à l'adresse de M. Moubarak, qui a affirmé qu'il ne briguerait pas un sixième mandat à la présidentielle de septembre après avoir passé près de 30 ans au pouvoir. La manifestation s'est déroulée dans le calme, et les partisans du président, à l'origine des violents affrontements ces derniers jours n'étaient pas visibles, l'armée ayant déployé des dizaines de véhicules pour créer une zone tampon autour de la place. Le mouvement de contestation avait appelé à une mobilisation générale pour ce qu'il a baptisé "le vendredi du départ", et espérait réunir un million de personnes dans le pays, au 11e jour de la révolte du peuple égyptien. En fait si le nombre de manifestants au Caire n’a pas augmenté par rapport aux derniers jours, le mouvement s’est amplifié dans de nombreuses villes de province.
Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont mis en garde les autorités égyptiennes contre tout nouveau dérapage. Selon le New York Times, les États-Unis examinent avec des responsables égyptiens des modalités du départ immédiat de M. Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane. Le guide suprême des Frères musulmans, principale force d'opposition, Mohammed Badie, a déclaré qu'il était prêt au dialogue avec M. Souleimane, mais uniquement après le départ de M. Moubarak. Et il s'est dit favorable à une "période transitoire que dirigera le vice-président".
On apprenait en fin de soirée que la passation de pouvoir en faveur du vice-président n’était pas une hypothèse retenue par le Premier Ministre. Ce qui d’ailleurs semblerait démontrer qu’il y a des tensions fortes au sein de l’exécutif. Le président Moubarak va t'il conserver son poste jusqu'aux prochaines élections de septembre? Un gouvernement de transition va t’il être mis en place? Les scènes de guérilla vont-elles se poursuivre? Faut-il craindre une montée de l'islamisme radical?
Autant de questions qui se posent au soir de cette journée que de nombreux commentateurs présentaient comme décisive pour le peuple égyptien.
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