J’ai déjà du l’écrire sur ce blog plusieurs fois : Jacques Attali, s’il est parfois irritant dans ses propos, est un excellent analyste dans les domaines politique et économique. Il a les idées claires, ne manque jamais de faire des propositions concrètes et crédibles et surtout il faire preuve d’une constance dans ses raisonnements qui impressionne.
Lorsqu’il s’agit de la situation économique de la France, il ne cesse depuis des mois de répéter les mêmes vérités qui sont souvent des évidences et pourtant il semblerait qu’il ne soit pas écouté. Quelles sont ces évidences ? Je le cite :
« Si la France ne trouve pas, avant la fin de 2013, 75 milliards d’Euros, en dépenses supprimées ou en recettes supplémentaires, la dette publique, qui dépassera de toutes façon à cette date 90 % du PIB, continuera d’augmenter, jusqu’à 120 %. Alors le pays ne sera plus souverain : sa dette ne sera plus finançable et les économies imposées par ses prêteurs seront bien plus importantes. Et encore : si la croissance est plus proche de 1,5 % que de 2 %, comme c’est vraisemblable, ce sont 90 milliards d’euros qu’il faudra trouver.
Or, au mieux, dans les budgets 2011 de l’Etat, des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale, on en a déniché 12… Reste donc à récupérer au moins 63 en deux ans, donc au moins 32 dès 2012, année électorale.
En conséquence, on ne fera donc rien de sérieux, ni en 2011, ni en 2012. En tous cas rien ne sera fait avant l’élection présidentielle. Ensuite, évidemment, une politique d’austérité se mettra en place. Quel qu’ait été le vainqueur.
Tout cela menace de rendre dérisoire la campagne électorale qui commence. D’abord parce que personne n’a le courage, pour l’instant, pas plus à droite qu’à gauche, de parler sérieusement de la dette publique. Ensuite parce que, quel que soit le résultat des urnes, Dominique Strauss-Kahn entrera à l’Elysée en mai 2012 : soit comme Président de la République, soit comme Directeur général du FMI, en charge d’imposer à Nicolas Sarkozy les économies. »
Triste réalité que la nôtre. Une réalité que les économistes et les politiques connaissent parfaitement mais que ces derniers font mine d’ignorer tant ils sont tétanisés à l’idée d’effrayer l’opinion publique à la veille d’une élection majeure. Le quinquennat nous aura aussi conduit à ce genre de situation ubuesque : 1 an après l’élection pour commencer les réformes ; 18 mois avant la suivante pour enterrer tous les thèmes qui fâchent. Reste deux ans et demi pour travailler : il faut être terriblement efficace pour améliorer les choses !...
Source : L'Express 26-01-2011
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