La quasi-banqueroute de sa quatrième banque Bankia qui lance un appel au secours rappelle la fragilité du pays. L’aide européenne est inévitable pour éviter un scénario à la grecque et les risques de contagion
Une première enveloppe de 4,5 milliards d’euros le 9 mai dernier n’aura pas suffi. Depuis vendredi 25 mai dernier au soir, l’État espagnol va devoir ajouter 19 milliards pour sauver du naufrage Bankia, la quatrième banque du pays. Une facture de 23,5 milliards d’euros qui prend de court le gouvernement de Mariano Rajoy, persuadé jusqu’à vendredi d’avoir endigué la crise de ses banques. Ce fardeau, il entend pourtant toujours l’assumer seul, malgré les appels du pied répétés de l’Europe, qui veut éviter à tout prix un nouveau scénario à la grecque.
Il y a deux ans, l’idée de réunir sept caisses régionales pour en faire une structure financière solide avait semblé pertinente. Son président, ancien ministre de l’Économie et directeur général du FMI, Rodrigo Rato, avait convaincu les autorités espagnoles, les marchés et Bruxelles… Avant d’être poussé à la démission. Aujourd’hui, le portefeuille immobilier toxique de Bankia serait proche de 32 milliards d’euros.
Samedi, à Madrid, on préférait penser que la nouvelle équipe dirigeante de Bankia avait volontairement noirci le tableau pour obtenir une aide maximale de l’État. "Il faudra surveiller les résultats de la mission indépendante qui a été chargée le 21 mai d’évaluer le secteur bancaire espagnol. On pourra alors voir l’étendue des dégâts", recadre Alexandre Baradez, analyste marché chez Saxo Banque.
Les lignes européennes devraient bouger
En attendant, l’Europe retient son souffle. En Grèce, ses plans de sauvetage et ses perfusions à coups de milliards d’euros n’ont réglé ni la situation économique ni la crise politique. Avec l’Espagne, l’exécutif européen n’est pas en terrain conquis. De l’autre côté des Pyrénées, pas question de brader sa souveraineté nationale et de se mettre sous tutelle européenne. L’Espagne a jusqu’à présent décliné toute intervention extérieure au prix d’un argument : sa crise ne présente pas de risques de contagion pour les banques européennes. Les françaises, par exemple, ont provisionné moins de 2 milliards d’euros au titre de leur exposition à la dette espagnole.
Jusqu’à vendredi, la Commission en prenait son parti. Elle se félicitait même des mesures annoncées par Madrid pour renforcer son secteur bancaire. Et se contentait d’une réforme imposant 30 milliards d’euros de nouvelles provisions aux banques. Pourtant, ce sont 300 milliards de crédits immobiliers qui pèseraient sur les comptes des banques ibères, soit une dette plus lourde que celle à laquelle doit faire face la Grèce. Ce sauvetage de Bankia fragilise aussi une Espagne qui n’a soldé ni les dommages de la crise financière de 2008 ni l’éclatement collatéral de la bulle immobilière de 2009-2010. Elle ne retrouve pas non plus le chemin de la croissance. Le FMI parie même sur une rechute en 2012 avec – 1,7 % de croissance et une nouvelle entrée en récession.
"Le problème est qu’en Espagne comme ailleurs, les plans de rigueur de sortie de crise sont fondés sur des scénarios beaucoup trop optimistes", regrette l’économiste Augustin Landier. La recapitalisation de Bankia devrait faire bouger les lignes de la politique européenne. L’intervention de Bruxelles commence à animer le débat politique espagnol. Le couperet pourrait tomber avant le sommet européen des 28 et 29 juin prochain.
Source : leJDD.fr 27-05-2012
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