
Devant les étudiants chinois lundi à Shanghai, Barack Obama n'a pas évité les sujets qui fâchent. Le président américain a parlé droits de l'Homme et climat.
Après son très applaudi "salam aleikoum" au Caire le 4 juin dernier, Barack Obama a remis ça avec un "ni hao", lui aussi très remarqué, à Shanghai lundi 16 novembre dernier. Pour le président américain, le "salut" local est presque devenu une marque de fabrique. Tout comme le changement, érigé en valeur. "Les Etats-Unis ne seront jamais en guerre contre l'islam", avait-il ainsi déclaré dans la capitale égyptienne. La Chine et les Etats-Unis n'ont "pas à être des adversaires", a-t-il assuré, en écho, devant les étudiants chinois réunis à Shanghai. "Nous n'essayons pas de contenir le développement de la Chine. Nous nous félicitons au contraire que la Chine soit un membre fort, prospère et heureux de la communauté des Nations, une Chine qui fait la promotion des forces et de la créativité individuelle des Chinois", a-t-il encore ajouté.
Mais cette "amitié" n'est pas exempte de sincérité. Après les louanges, les "commentaires", donc. Critiqué par certains - notamment les associations qui lui reprochent, entre autres, de ne pas avoir reçu le dalaï-lama lors de son déplacement aux Etats-Unis début octobre et de sacrifier les droits de l'Homme sur l'autel de l'économie - le locataire de la Maison blanche n'a pas évité les sujets qui fâchent. "Les libertés d'expression et de culte et l'accès à l'information, sont, nous le pensons, des droits universels", a-t-il ainsi déclaré, lors d'un discours retransmis en Chine uniquement via la télévision de Shanghai.
Répondant à la question de l'un des étudiants, le président américain a estimé que les sites de socialisation, type Twitter, cette plateforme de micro-blogging, interdite en Chine, devaient être partout disponibles. "J'ai toujours été un partisan fervent de l'internet. Je suis un partisan farouche de l'absence de censure", a-t-il assuré. Et d'insister: "Je pense que plus les flux d'information sont libres, plus une société se fortifie." Barack Obama a par ailleurs estimé que ces "droits universels" devraient "être accessibles à tous, y compris aux minorités ethniques et religieuses, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, ou ailleurs." Une référence évidente à la situation au Tibet ou encore dans le Xinjiang, où les Ouïghours – une minorité musulmane et turcophone – sont régulièrement la cible de la répression policière.
Mesures "cruciales" pour le climat
Autre sujet qui fâche: le climat. A trois semaines de la conférence internationale de Copenhague sur le climat, censée donner suite au protocole de Kyoto, Barack Obama a estimé que la communauté internationale avait les yeux rivés sur l'attitude de Pékin et Washington en la matière, deux des plus gros pollueurs de la planète. Invitant la Chine et les Etats-Unis à prendre des mesures "cruciales", il a précisé qu'il chercherait une "convergence d'opinion" sur cette question lors de son entretien avec le président chinois Hu Jintao mardi à Pékin.
Mais en la matière, les deux pays sont dans une situation délicate: les Etats-Unis iront dans la capitale danoise sans proposition formelle de réduction des émissions de gaz à effet de serre en raison des retards pris au Congrès ; la Chine, elle, premier pays émetteur de dioxyde de carbone, résiste à l'idée d'une baisse drastique de ses émissions qui pourrait nuire à sa croissance économique et exige des pays développés qu'ils montrent la voie, en consentant à de fortes réductions et en accordant davantage d'aides économiques et technologiques aux pays en développement. Deux positions qui illustrent le fossé entre pays développés et pays en développement en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Barack Obama a d'ailleurs jugé "irréaliste" dimanche la conclusion à Copenhague d'un accord légalement contraignant.
Source : lejdd.fr 16-11-2009