Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 19:00









A une semaine du début de la conférence de Copenhague sur le climat, chacun avance des pions. Pékin et Washington ont affiché des objectifs chiffrés, quand New Delhi se refuse encore à le faire. Mais vu d'Afrique, le débat "n'est pas posé dans les bons termes", selon Marc Ona Essangui*, président de l'ONG africaine Brainforest.



Quel est votre état d'esprit à une semaine de la conférence de Copenhague?

J'étais jusque-là pessimiste. Mais les dernières avancées en date – notamment les engagements de la Chine et des Etats-Unis – font espérer un résultat à Copenhague. Pékin et Washington peuvent servir de locomotive. On peut seulement regretter cette cacophonie autour de la présence de Barack Obama dans la capitale danoise.


Le président américain sera présent en début de sommet, quand la majorité des chefs d'Etat assisteront à la fin de la conférence…

Oui, cela donne l'impression que les Etats-Unis ne viennent pas pour négocier. Ils viennent pour proposer leur chiffre [17% de réduction des émissions d'ici à 2020, ndlr]. Il faut maintenant espérer que cette attitude ne fasse pas reculer la Chine. Car dans ce dossier, la Chine et les Etats-Unis sont les maîtres du jeu. Nous attendons désormais de voir si les objectifs annoncés seront confirmés à Copenhague, puis tenus. S'il s'agit juste de se retrouver sur une photo, cette conférence ne sert à rien.


On parle davantage d'un accord politique que d'un traité contraignant. Le regrettez-vous?

Oui. Les pays développés, attachés à leur croissance, refusent la contrainte. Dans ce contexte, chacun essaie de ne pas s'avancer sur le terrain d'un accord contraignant. C'est peut-être là que nous, Africains, nous avons un rôle à jouer.


«On nous dit: 'On vous donne de l'argent, et en échange, nous pouvons continuer à polluer'»

La question de la compensation financière [versée par les pays développés pour "décarboner" les économies en développement, ndlr] représente un grand danger. Car elle peut encourager les grandes puissances à continuer à polluer. On a l'impression qu'on nous dit: "On vous donne de l'argent, et en échange, nous pouvons continuer à polluer". Car en Afrique, ce sont surtout les entreprises occidentales qui polluent.


Selon vous donc, la compensation financière obstrue le débat?

"La compensation financière"… Nicolas Sarkozy n'a que ce mot à la bouche, comme si c'était la finalité de la question du réchauffement climatique. En Afrique, le débat sur le changement climatique est uniquement tourné vers l'argent. Le débat n'est pas posé dans les bons termes. Et les Occidentaux jouent sur cet aspect, car ils savent que ce qui intéresse les Africains, ce sont les espèces sonnantes et trébuchantes. En échange, ils promettent de protéger leurs forêts, mais ne s'engagent ni sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre ni sur la création d'industries propres. Nos dirigeants sont comme des enfants attirés par un jouet, qui se feraient balader sur le terrain de la compensation financière.


Les pays occidentaux ne peuvent toutefois pas encourager les pays en développement à "décarboner" leurs économies sans promettre des compensations financières…

C'est sûr. Mais ce que je dis, c'est que ces compensations financières ne doivent pas être un moyen de fermer les yeux sur le reste. Si les termes de l'accord sont: en échange de cet argent, vous fermez les yeux sur ce qu'on fait, notamment sur le continent africain, alors, le débat est biaisé.


Le continent africain pêche-t-il par absence de volonté politique?
Oui. Dans le cas du Gabon, de nombreuses lois existent pour protéger l'environnement. Pourtant, quand les entreprises arrivent, notamment chinoises, on oublie la législation.


L'arrivée massive d'entreprises chinoises sur le continent africain a-t-elle, selon vous, aggravé la situation écologique?

On signe aux Chinois des chèques en blanc. Or, ils ne sont pas connus pour leur respect de l'environnement. Mais nos dirigeants ne voient que l'argent.


Pour illustrer le réchauffement climatique, on évoque souvent la fonte de la banquise. Le continent africain est pourtant la grande victime de cette situation…

C'est regrettable, mais que voulez-vous, chacun vie de son côté, chacun ne voit que son propre intérêt. Les Occidentaux parlent de la banquise parce que c'est chez eux. Pourtant, l'Afrique est le continent le plus frappé par le réchauffement climatique: épisodes de famine, avancée du désert du Sahel. L'Afrique est aussi devenue le dépotoir de tous les véhicules diesel dont l'Europe ne veut plus. Or, il n'y a jamais de conférence internationale sur ce sujet.

*Citoyen engagé, le Gabonais Marc Ona Essangui a fondé plusieurs associations, dont l'ONG verte Brainforest qui lui a valu le prix Goldman pour l'environnement en 2009. Il est également à la tête du collectif "Publiez ce que vous payez" Gabon, une coalition internationale d'organisations de la société civile qui demande la publication obligatoire des paiements effectués par les sociétés et des revenus perçus par les gouvernements pour l’extraction des ressources minières, gazières et pétrolières.

 

Source : lejdd.fr  30-11-2009




Informations  MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : VICTOR ASSOCIATION
  • : Chaque jour l'actualité politique, économique et sociale de France et du monde commentée et en images. Mais aussi les voitures de légende.
  • Contact

Texte Libre

L'objet de ce blog est d'apporter aux habitants de Montesquieu-Volvestre une information régulière sur la vie de la cité, et de décrypter l'essentiel de l'actualité. Mais il a aussi pour but d'ouvrir un dialogue,  de discuter, de contester, ou de râler au besoin. Il faut que nous retrouvions dans notre village une convivialité, une solidarité qui sont en train de se perdre.

Rechercher

Pages

Liens